Sénégal : plusieurs manifestations dans tout le pays, le gouvernement parle de « coup d’État »

Le gouvernement du président sénégalais Abdoulaye Wade a dénoncé un « complot » destiné à le renverser à quelques heures de manifestations, samedi à Dakar et en province, de ses partisans et de ses opposants à l’occasion du 11e anniversaire de son accession au pouvoir.

Le président sénégalais Abdoulaye Wade. © AFP

Le président sénégalais Abdoulaye Wade. © AFP

Publié le 19 mars 2011 Lecture : 2 minutes.

En dépit des accusations gouvernementales, les manifestations prévues tout au long de la journée dans plusieurs quartiers de Dakar et de sa banlieue, ainsi que dans d’autres grandes villes de province, n’ont pas été interdites.

Plusieurs centaines d’opposants étaient rassemblés samedi matin sur la place de l’Indépendance, au coeur de Dakar, surveillée par un important dispositif policier, a constaté l’AFP.

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Peu après minuit, samedi, le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, est apparu à la télévision publique RTS pour lire une déclaration solennelle du gouvernement, accusant des membres de l’opposition d’avoir fomenté "un complot" visant au "renversement du régime" et annonçant des arrestations.

Abdoulaye Wilane, un des porte-parole du Parti socialiste sénégalais, moteur de la coalition d’opposition Benno Siggil Senegal (Ensemble pour le renouveau du Sénégal), a rejeté ces accusations de "complot". "C’est une farce de très mauvais goût", a-t-il dit. "Le régime d’Abdoulaye Wade joue à se faire peur et à nous faire peur dans l’unique but de dissuader le Sénégal de sortir en masse aujourd’hui".

Le ministre de la Justice a cité des noms de responsables de mouvements d’opposition, en particulier le mouvement Tekki et le Mouvement national des étudiants socialistes (MNES), qui ont "planifié" des actions "de subversion active et de déstabilisation des institutions par la violence". Egalement dénoncés, "des groupements d’artistes" et des "leaders politiques".

Selon le gouvernement, "les comploteurs" avaient l’intention de profiter des manifestations à Dakar et dans d’autres villes pour faire entrer en action "des commandos" qui devaient commettre "des actions violentes destinées à provoquer la panique et la réaction de la population".

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"Interpellations" de "membres du complot"

Saisi par l’Etat, le procureur de la République de Dakar "a décidé de tuer dans l’oeuf le complot visant à la réalisation d’un coup d’Etat en procédant à l’interpellation d’individus dûment identifiés comme membres du complot". Le nombre de personnes arrêtées n’a pas été précisé.

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A l’approche de la présidentielle de février 2012, "des politiciens, sachant qu’ils ne peuvent rien attendre d’un suffrage universel libre, démocratique et sincère, veulent tout simplement utiliser la voix du complot", a affirmé le ministre de la Justice.

Outre le rassemblement place de l’Indépendance à Dakar, d’autres manifestations de l’opposition, de mouvements de jeunes, mais aussi de partisans du président Wade, sont prévues samedi, faisant craindre des dérapages.

Climat social électrique

Elles ont lieu dans un climat de tension sociale, marqué notamment par des coupures d’électricité récurrentes qui exaspèrent les Sénégalais et malmènent l’activité économique.

Les jeunes manifestent depuis des mois, parfois de façon violente, dans les quartiers populaires de Dakar pour exprimer leur ras-le-bol et leur désespoir face à l’avenir dans un pays où le taux de chômage dépasse 40%.

Abdoulaye Wade, qui avait suscité un immense espoir lors de son accession au pouvoir en 2000 après quarante ans de pouvoir socialiste, a déçu: ses détracteurs l’accusent d’avoir favorisé la corruption, privilégié son clan et sa famille – en particulier son fils Karim – et d’avoir mené une politique de prestige au détriment des réalisations sociales.

Le chef de l’Etat, âgé de 85 ans, avait annoncé dès septembre 2009 qu’il allait se représenter pour un nouveau mandat en février 2012.

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