Présidentielle nigérienne : premiers résultats attendus lundi
Le second tour de l’élection présidentielle du samedi 12 mars s’est déroulé dans le calme. Le taux de participation tourne autour de 35-38 % et la proclamation des résultats, d’abord annoncée dimanche soir, est attendue lundi.
Mis à jour à 15h15
Alors qu’une crise post-électorale met la Côte d’Ivoire au bord de la guerre civile, les Nigériens ont voté samedi 12 mars dans le calme pour se choisir un président civil après un an de pouvoir militaire. Gousmane Abdourahamane, le président de la Commission électorale avait affirmé samedi qu’il allait proclamer les résultats globaux provisoires au "plus tard dimanche soir", ajoutant que le taux de participation tournait autour de "35 à 38%". "Je suis satisfait que les opérations de vote se soient déroulées dans le calme le plus absolu", avait-il assuré, saluant "la volonté" du chef de la junte, le général Salou Djibo de voir le scrutin se dérouler dans de bonnes conditions.
Mais il a finalement indiqué dimanche à la télévision que les résultats globaux provisoires seraient "proclamés lundi", sans plus de précision. "Il faut que la Céni proclame les résultats le plus rapidement possible pour éviter que les esprits ne s’échauffent des les deux camps", estime de son côté le journaliste indépendant Amadou Daraye.
L’opposant Issoufou l’emporte à une écrasante majorité dans la capitale, selon les résultats partiels proclamés dimanche par la Commission électorale. Il totaliserait plus de 75.000 voix contre 27.000 pour son rival, selon les résultats des cinq communes de la capitale publiés à la télévision par le président de la Commission électorale.
Niamey est le fief de l’ex-Premier ministre Hama Amadou, arrivé troisième avec 19% au premier tour de l’élection et qui avait décidé de soutenir Issoufou à ce second tour. La Céni a fait état d’un taux de participation entre 24 et 35% dans la capitale.
La menace Al Qaïda
Quelque 6,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes au Niger, pays important producteur d’uranium mais classé parmi les plus pauvres du monde, qui doit également faire face à la menace croissante d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le chef de la junte depuis le coup d’Etat militaire de février 2010, le général Salou Djibo, a symboliquement ouvert le vote à Niamey.
"Si nous réussissons ce scrutin si honorable, nous aurons accompli ensemble cette démocratie qui servira d’exemple à l’Afrique", a-t-il indiqué. Après avoir voté à la mairie de Niamey, les deux candidats se sont dit chacun persuadés de remporter le scrutin. "Je suis très confiant, la politique n’est pas un jeu d’arithmétique, tous les compteurs sont remis à zéro après le premier tour du scrutin, donc je ne vois pas pourquoi je ne passerais pas", a déclaré Seïni Oumarou aux journalistes.
"Nous allons gagner cette élection, j’ai bénéficié de soutiens importants dont celui de l’ancien Premier ministre Hama Amadou (19%), je pense que les reports de voix seront tous aussi importants", a de son côté clamé Mahamadou Issoufou. A la demande du chef de la junte, les deux candidats ont promis qu’ils "accepteront" les résultats.
Issoufou favori
Le pays va tourner la page du putsch qui avait renversé le président Mamadou Tandja, après dix ans de pouvoir et une grave crise née de sa volonté de se maintenir au-delà de son second et dernier quinquennat légal. Les deux finalistes ont des profils radicalement différents: M. Issoufou a été l’éternel adversaire du chef de l’Etat déchu et détenu depuis un an, alors que M. Oumarou est l’"héritier" autoproclamé de M. Tandja, dont il fut Premier ministre.
Arrivé en tête (36%) au premier tour, M. Issoufou part favori grâce au soutien de M. Amadou. M. Oumarou (23%) bénéficie pour sa part du ralliement de l’ex-chef de l’Etat Mahamane Ousmane (8%). Le vainqueur devra "beaucoup travailler. Le pays a souffert, il doit rendre le Niger crédible à l’extérieur et nous sortir de la misère et des crises alimentaires", indique Tankari Tiémogo, commerçant, 51 ans.
Pour Moussa Mahama, un artisan de 25 ans, le président élu "doit d’abord +cogner trop fort+ sur les terroristes (d’Al-Qaïda) qui ont fait fuir les touristes étrangers". Cette ancienne colonie française, indépendante depuis 1960, est devenue, avec le Mali et la Mauritanie, l’un des terrains de prédilection d’Aqmi, qui y a multiplié les rapts d’Occidentaux. En janvier, deux jeunes Français avaient été enlevés en plein centre de Niamey. Les otages avaient été tués lors d’un opération de sauvetage manqué menée par des forces françaises en territoire malien.
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