Déchéance de nationalité française : pour Kemi Seba, la France est « tombée sur le mauvais Noir »

Depuis Moscou, le militant panafricaniste a annoncé que le ministère français de l’Intérieur venait d’engager une procédure de perte de la nationalité française à son encontre. Une « décoration de guerre », affirme-t-il.

 © Damien Glez

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Publié le 4 mars 2024 Lecture : 2 minutes.

Présent au Forum sur la multipolarité de Moscou, celui qui se présente comme un « révolutionnaire africain du XXIe siècle » a répondu, ce jeudi 29 février, à une interview dans laquelle il affirme que le ministère français de l’Intérieur envisage de lui retirer sa nationalité française. De son vrai patronyme Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kemi Seba est né à Strasbourg de parents béninois naturalisés français et dispose toujours de la nationalité béninoise.

Le militant panafricaniste assure avoir reçu une lettre datée du 9 février 2024, document signé, par délégation du ministre de l’Intérieur, par Cédric Debons, sous-directeur de l’accès à la nationalité française. Kemi Seba se dit accusé de « posture constante et actuelle résolument anti-française, susceptible de porter gravement atteinte aux intérêts français et de nature à caractériser une déloyauté manifeste », notamment « divers agissements destinés à attiser, dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, un sentiment anti-français« , et d’inciter à la rébellion contre des autorités locales « jugées proches des autorités françaises ».

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Le courrier vaudrait notification de l’engagement d’une procédure de perte de la nationalité, en conformité avec l’article 23-7 du Code civil français et l’article 29 du décret 93-1362 du 30 décembre 1993. Comme le prévoit la loi, l’intéressé dispose d’un délai d’un mois pour adresser ses éventuelles « observations ».

Coup d’épée dans l’eau

Kemi Seba affirme qu’il utilise peu son passeport français et que la procédure du ministère français de l’Intérieur est une attaque qui vaut une médaille, un « ballon d’or dans le cadre de la géopolitique ». Selon lui, il s’agit d’une « diabolisation » qui se révèle un coup d’épée dans l’eau pour ceux qui, « du côté de l’Élysée », ne sont « pas très futés ».

Plus globalement, il considère que cette démarche néocoloniale de la France atteste que « les Africains qui disent ce qu’ils pensent et veulent obtenir leur souveraineté deviennent des menaces pour les intérêts du gouvernement français ».

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Il va même plus loin en y voyant un relent de racisme dans « un réflexe négrophobe ». S’adressant aux Africains de France, d’Afrique, et aux ressortissants des outre-mer français, Seba affirme que « jamais la France ne traitera à égalité les nôtres ». Affirmant que les autorités françaises sont « tombées sur le mauvais Noir », il ajoute qu’il ne sera jamais question pour lui de « mendier » la nationalité française.

Le militant panafricaniste sait que certains aficionados du néo-souverainisme africain ont du mal à comprendre qu’il n’ait pas encore renoncé à la nationalité du pays qu’il pourfend régulièrement, notamment sur la question du franc CFA.

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Droitisation du régime Macron

Dès la présidence de François Hollande, le gouvernement français avait envisagé une application plus fréquente de la déchéance de nationalité, débat qui avait contribué à une faille profonde dans la majorité d’alors. Sous un régime macroniste droitisé et au milieu de sondages où progresse inlassablement l’extrême-droite, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, entend user de son droit d’expulsion ou de « dénaturalisation » de ceux qui, même nés Français, possèdent plusieurs nationalités.

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