Présidentielle béninoise : le scrutin s’annonce agité

Malgré un double report du premier tour de la présidentielle, prévu dimanche 13 mars, l’inscription de tous les votants n’est pas terminée. L’opposition appelle à reporter à nouveau le scrutin, mais le gouvernement de Boni Yayi fait la sourde oreille. Les contestations risquent d’être nombreuses.

Afiches du président Boni Yayi et de son rival Adrien Houngbedji à Cotonou le 10 mars 2011. © AFP

Afiches du président Boni Yayi et de son rival Adrien Houngbedji à Cotonou le 10 mars 2011. © AFP

Publié le 12 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Les autorités du Bénin s’efforçaient vendredi de boucler les inscriptions sur les listes électorales, à deux jours de la présidentielle, rejetant les appels à un nouveau report du scrutin malgré des files de milliers de personnes devant les bureaux d’enregistrement.

Le délai d’inscription sur les listes électorales a été prolongé au-delà de la date limite de jeudi pour permettre à des centaines de milliers de Béninois de voter dimanche. Jeudi soir, le responsable des opérations électorales, Arifari Bako, a annoncé que la période d’inscription était prolongée jusqu’à vendredi midi et même jusqu’à samedi midi là où ces formalités avaient débuté avec du retard.

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Les Béninois doivent choisir dimanche 13 mars leur président parmi 14 candidats, après deux reports consécutifs de l’élection depuis fin février dus à des raisons logistiques, avec toujours des retards dans les inscriptions sur les listes électorales. D’après l’opposition, jusqu’à un million d’électeurs potentiels avaient été omis des listes ou ne disposaient pas de cartes d’électeurs. Cette semaine, les autorités électorales s’efforçaient d’achever l’inscription de quelque 300 000 électeurs.

Mystérieuse panne d’ordinateurs

Jeudi, des centaines de personnes avaient déjà attendu près des bâtiments officiels de la capitale économique Cotonou, certains affirmant attendre depuis 3 heures alors que des ordinateurs utilisés dans le processus étaient en panne. Vendredi, il paraissait clair que dans un centre d’enregistrement au moins, le délai imparti ne suffirait pas pour inscrire tout le monde.

A la mi-journée, des centaines de personnes étaient massées derrière les grilles d’un bâtiment officiel. Par groupe de 20, elles étaient autorisées à pénétrer dans l’enceinte pour se faire enregistrer électroniquement, un procédé utilisé pour la première fois dans ce pays d’Afrique de l’Ouest de 9,2 millions d’habitants.

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De files de gens attendaient de donner leurs empreintes digitales et d’avoir leur photo numérisée. Des cartes électorales leur étaient également distribuées. "La population qui est là, c’est exorbitant ! Il faut des années pour faire un truc comme çà", se plaignait Cossi Narcisse Amoussou, ouvrier du bâtiment de 27 ans, attendant son tour depuis 5 heures du matin, et venu à la même heure les deux jours précédents, sans succès. Cossi Narcisse Amoussou souhaitait un nouveau report du scrutin.

Exclusion électorale

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Un collectif de neuf candidats, dont les deux principaux adversaires du président sortant Boni Yayi qui se représente, a demandé un nouveau report, d’au moins une semaine, "pour prendre en compte tous ceux qui ont été exclus" des listes électorales, a indiqué jeudi soir leur porte-parole Victor Topanou.

Une coalition d’ONG, Fors-élections, qui a organisé plusieurs manifestations de protestation contre cette situation, a réclamé un report au 27 mars "pour préserver la paix", a déclaré son leader Joseph Djogbenou. "Nous nous dirigeons vers des émeutes le jour du vote", a déclaré jeudi à l’AFP Lazare Sehoueto, un proche d’Adrien Houngbédji, principal adversaire du président sortant.

Malgré ces appels, un porte-parole du président Yayi, Marcel de Souza, a exclu de reporter le scrutin pour la troisième fois, indiquant à l’AFP que vendredi avait été déclaré jour férié pour permettre l’enregistrement des électeurs. Le premier tour, initialement prévu le 27 février, avait été décalé une première fois d’une semaine pour permettre la compilation du fichier électronique puis à nouveau reporté le 4 mars à la demande de la Commission électorale nationale autonome (Cena) mais aussi de l’ONU et de l’Union africaine.

Le scrutin devrait se jouer essentiellement entre le président sortant, élu en 2006, et l’opposant Adrien Houngbédji, qui convoite la présidence depuis vingt ans. Un troisième homme, l’économiste Abdoulaye Bio Tchané, pourrait jouer le rôle d’arbitre.

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