La Guinée retire à Getma la concession du port de Conakry
Le gouvernement guinéen a dénoncé mercredi le contrat de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry qui le liait depuis septembre 2008, pour une durée de vingt-cinq ans, à la société française Getma International. Celle-ci est accusée d' »avoir failli à ses obligations ».
"La convention du 22 septembre 2008 et l’avenant du 7 novembre 2009 portant mise à concession du terminal conteneurs du port autonome de Conakry, son extension et l’aménagement d’un espace de la gare ferroviaire, conclue entre l’Etat guinéen et la société Getma international, sont résiliés", indique un décret présidentiel transmis mercredi à l’AFP.
"Ladite convention et son avenant sont résiliés avec effet immédiat et sans indemnité à ses frais, risque et tort", selon la même source qui ne précise pas à qui serait accordé la concession pour laquelle le groupe français Bolloré est candidat. Le gouvernement guinéen accuse Getma international (NCT Necotrans) d’"avoir failli à ses obligations" et "se réserve le droit de saisir les juridictions compétentes afin d’obtenir la réparation de son préjudice et le prononcé de toutes les dispositions législatives réglementaires en vigueur".
Première grande décision d’Alpha Condé
C’est la première décision d’importance prise par le président guinéen Alpha Condé par rapport à une grande entreprise étrangère établie en Guinée depuis son élection en novembre. La concession du terminal à conteneurs du port de Conakry avait été attribuée à la société française Getma International, en septembre 2008, soit quelques mois avant la mort du général-président Lansana Conté des suites d’une longue maladie. Cette convention prévoyait qu’une filiale de Getma gérerait le terminal pendant 25 ans. Getma avait cependant vu cette convention suspendue pendant un an par la junte qui avait pris le pouvoir après la mort de Conté.
Selon les observateurs, avec cette résiliation, la "guerre" pour le contrôle du port de Conakry est relancée alors que le groupe Bolloré est un candidat déclaré pour une nouvelle concession. Le patron du groupe, Vincent Bolloré, avait lui-même visité en février les installations du port autonome de Conakry en compagnie du président élu Alpha Condé.
Recours à la force
Dans un communiqué transmis mercredi à l’AFP, le groupe NCT Necotrans, dont dépend Getma international, déclare avoir "pris connaissance du décret signé le (mardi) 8 mars par le président de la République de Guinée, prononçant la résiliation avec effet immédiat et sans préavis de la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry". Il "exprime sa plus vive indignation quant au recours à la force armée pour interdire l’accès à ses 400 salariés" et examine "tous les moyens de faire valoir ses droits suite aux préjudices provoqués" par cette résiliation.
"Depuis plusieurs semaines, des rumeurs persistantes évoquaient une possible résiliation unilatérale, bien qu’aucune notification officielle faisant état d’un quelconque grief à l’égard du concessionnaire n’ait été adressée à NCT Necotrans, l’opérateur économique français ayant le plus investi en Guinée ces dernières années", rappelle la société. Selon divers médias guinéens, lors de sa visite à Conakry, Vincent Bolloré avait discuté avec Alpha Condé des opportunités d’investissements et d’emplois du groupe Bolloré en Guinée. Selon Getma, le projet d’essor du Port de Conakry "représente un investissement de plus de 100 millions d’euros".
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