Face à la croissance démographique, le Rwanda encourage les hommes à la vasectomie

Le Rwanda, dont la croissance démographique élevée met en péril les efforts de développement et les récents progrès économiques, encourage les hommes à la vasectomie, une initiative parmi d’autres pour contenir la progression de sa population.

Des enfants rwandais à Kigali le 10 février 2011. © AFP

Des enfants rwandais à Kigali le 10 février 2011. © AFP

Publié le 6 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Avec en moyenne 395 habitants au km2, le Rwanda est le pays le plus densément peuplé d’Afrique sub-saharienne: en 50 ans, sa population a quadruplé pour passer la barre des 10 millions d’habitants aujourd’hui, sur un territoire de quelque 28.000 km2, un peu moins grand que la Belgique.

Les autorités rwandaises tentent d’enrayer cette croissance galopante susceptible de remettre en cause les acquis économiques de l’après-génocide (1994), sur un modèle volontariste caractéristique du régime du chef de l’Etat Paul Kagame.

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Et de proposer, dans le cadre d’un vaste programme national de planning familial, la solution, parmi d’autres, de la vasectomie sans scalpel, une intervention chirurgicale bénigne mais très efficace pour rendre les hommes stériles.

Cette technique consiste à couper et bloquer les canaux qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules, entraînant une stérilisation complète du patient.

John Rutaremara, 31 ans, prévoit de prendre rendez-vous pour se faire opérer. Ce père de deux enfants explique avoir du mal à boucler ses fins de mois avec ses six dollars de salaire quotidien.

"Nous avons beaucoup de dépenses. Les frais de scolarité, la nourriture, l’électricité sont très chers à Kigali. Si nous avions plus d’enfants, la vie serait vraiment très difficile", témoigne-t-il.

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"Je préfèrerais avoir seulement deux enfants bien portants et bien éduqués que d’en avoir huit qui connaissent la faim chaque jour", ajoute-t-il.

L’opération à laquelle aspire John est rapide, peu coûteuse et comporte peu de complications.

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"Cela prend environ 15 minutes et c’est sans douleur. Nous utilisons seulement une petite aiguille, sous anesthésie locale", explique Leonard Kagabo, l’un des médecins du programme.

Polémique sur les objectifs chiffrés

Le projet rwandais a soulevé dans un premier temps une polémique, plusieurs articles de presse affirmant que les autorités avaient déterminé un objectif chiffré du programme, 700.000 vasectomies sur trois ans.

Un parti d’opposition avait ainsi accusé le gouvernement "d’émasculer les pauvres".

"Il n’y a pas d’objectif de 700.000 vasectomies et il n’y en aura jamais. Fixer de tels objectifs pour des solutions de planning familial de cette nature constituerait une violation des droits de l’Homme et serait contraire à l’éthique", rétorque Agnes Binagwaho, la numéro 2 du ministère de la Santé.

Le recours à la vasectomie en Afrique sub-saharienne est très peu répandu, cette pratique étant souvent accusée à tort de provoquer l’impuissance.

Par ailleurs, des spécialistes s’inquiètent des effets pervers d’une politique visant à généraliser les vasectomies, susceptible selon eux d’entraîner une diminution de l’usage des préservatifs et de provoquer une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles.

Mais pour Fidel Ngabo, responsable pour la puériculture et la santé de la mère et de l’enfant au ministère, des campagnes de prévention adéquates permettront de contrer cette menace.

"Nous prodiguons toujours des conseils sur le VIH-sida et le planning familial en même temps, parce qu’ils sont indissociables. En ce qui concerne la vasectomie, l’assistance se fait avant et après l’opération", détaille M. Ngabo.

Pour ce responsable, l’évolution de la société rwandaise et la pression démographique sur les ressources limitées du pays plaident pour le contrôle de la natalité.

"80% de notre population vit de la terre. Par le passé, plus un paysan avait d’enfants, plus il était riche. Mais ça a radicalement changé. A présent, plus d’enfants engendre plus de frais de scolarité et de santé pour le paysan et moins de terre en héritage pour chaque enfant", souligne M. Ngabo.

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