Sarkozy muscle sa politique étrangère contestée et remplace MAM par Juppé

Après des semaines de polémique, Nicolas Sarkozy a remanié dimanche les postes régaliens de son gouvernement, remplaçant Michèle Alliot-Marie par Alain Juppé au Quai d’Orsay, afin de muscler sa politique étrangère, étrillée pour ses atermoiements face aux révolutions arabes.

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé le remaniement, le 27 février. © AFP

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé le remaniement, le 27 février. © AFP

Publié le 28 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Lors d’une allocution radio-télévisée de moins de sept minutes, le chef de l’État a également annoncé l’arrivée à l’Intérieur de son homme de confiance, le secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant, à la place d’un autre de ses fidèles Brice Hortefeux. Il a confirmé la nomination du patron des sénateurs UMP Gérard Longuet à la Défense.

« Mon devoir de président de la République est d’expliquer les enjeux pour l’avenir mais tout autant de protéger le présent des Français », a-t-il dit, « c’est pourquoi, avec […] François Fillon, nous avons décidé de réorganiser les ministères qui concernent notre diplomatie et notre sécurité ».

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S’il a salué « l’immense espérance » soulevée par les révoltes populaires qui ont fait tomber les régimes de Tunisie et d’Égypte et menacent désormais celui du libyen Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy a mis en garde contre « ce que pourraient être les conséquences de telles tragédies sur des flux migratoires incontrôlables et sur le terrorisme ».

Confronté à 14 mois de la présidentielle à la forte progression du Front national, il s’est à nouveau présenté en président « protecteur », insistant sur les conséquences d’un éventuel échec des révoltes arabes, qui « pourraient être très lourdes pour la stabilité de toute la région ». « C’est toute l"Europe qui serait alors en première ligne », a-t-il dit.

Au passage, le chef de l’État a implicitement reconnu les errements de sa diplomatie face aux révoltes qui ont fait chuter les régimes « amis » en Tunisie et en Égypte en promettant une « ère nouvelle dans nos relations avec ces pays ».

Les raisons d’un remaniement

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Dans ce climat, Nicolas Sarkozy a justifié le remodelage de son gouvernement par la nécessité d’y nommer des hommes « préparés à affronter les événements à venir dont nul ne peut prévoir le déroulement ».

Il a ainsi salué en Alain Juppé « celui qui a déjà exercé ces fonctions [de ministre des Affaires étrangères de 1993-1995] avec une réussite unanimement reconnue » et en Gérard Longuet, « un homme d’expérience ». Quant à Claude Guéant, il « connaît tous les rouages » du ministère de l’Intérieur.

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Le président n’a par contre pas eu un mot pour MAM, qui lui a finalement présenté dimanche sa démission après des semaines de polémiques sur les conditions de ses vacances de Noël en Tunisie.

Dans sa lettre de démission, l’ex-patronne du Quai d’Orsay a justifié son départ par le refus d’accepter « que certains utilisent cette cabale pour essayer de faire croire à un affaiblissement de la politique internationale de la France ». Ayant longtemps résisté aux appels à la démission, elle a répété avoir « le sentiment de n’avoir commis aucun manquement ».

Ce remaniement, le quatrième en moins d’un an, sonne déjà comme un désaveu de Brice Hortefeux. Ce fidèle du chef de l’État sera toutefois appelé dans les semaines qui viennent à des « fonctions éminentes » qui n’ont pas été précisées, a juré l’entourage de M. Sarkozy.

Selon l’Élysée, M. Guéant sera remplacé par intérim au secrétariat général de l’Élysée par son adjoint, Xavier Musca, principal conseiller de Nicolas Sarkozy sur les dossiers économiques et financiers.

Le compagnon de MAM, ministre des Relations avec le Parlement Patrick Ollier, lui aussi mis en cause, a par contre conservé son portefeuille.

Sans surprise, la gauche a estimé que le remaniement signait, selon Laurent Fabius (PS) « les échecs complets de politiques étrangère et de sécurité » de Nicolas Sarkozy. Marine Le Pen (FN) a déploré l’absence « d’annonce concrète [sur] le contrôle des flux à nos frontières ». Quant au patron de l’UMP Jean-François Copé, il a jugé que le président a réagi « en homme d’État ».

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