Gaza : les États-Unis réclament un cessez-le-feu immédiat « pour au moins les six prochaines semaines »
La vice-présidente américaine, Kamala Harris, s’est alarmée de la situation dans le territoire palestinien bombardé chaque jour par Israël, et où une famine menace, selon l’ONU.
C’est la première haute responsable américaine à appeler ouvertement à un tel cessez-le-feu dans le territoire palestinien assiégé. La vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, a appelé le 3 mars à un « cessez-le-feu immédiat pour au moins les six prochaines semaines » « étant donné l’ampleur des souffrances à Gaza », menacé de famine, selon l’ONU. « C’est actuellement sur la table des négociations » entre Israël et le Hamas, a-t-elle précisé.
En demandant également au gouvernement du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de prendre des mesures pour accroître l’aide dans la bande de Gaza, elle a aussi formulé la critique la plus virulente à ce jour à l’encontre d’Israël de la part d’un haut fonctionnaire américain depuis le début de la guerre.
« Le gouvernement israélien doit en faire davantage pour augmenter de manière significative le flux d’aide. Il n’y a pas d’excuses », a déclaré Kamala Harris, ajoutant qu’Israël « devait ouvrir de nouveaux points de passage » et « ne doit pas imposer de restrictions inutiles à l’acheminement de l’aide ».
Parachutage d’aide pour tenter d’empêcher la famine
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a de son côté affirmé sur le réseau social X (anciennement Twitter) qu’il « est impératif que [les États-Unis augmentent] le flux d’aide vers Gaza ». « La population a un besoin urgent de nourriture, d’eau et d’autres formes d’assistance. C’est pourquoi les États-Unis s’efforcent d’acheminer davantage d’aide par tous les moyens disponibles, y compris les largages aériens », a-t-il dit.
La guerre, qui dure depuis près de cinq mois, a provoqué une catastrophe humanitaire et la famine est « quasiment inévitable » pour 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population de Gaza, d’après Jens Laerke, porte-parole de l’Ocha, l’agence de coordination des affaires humanitaires des Nations unies.
Face aux difficultés de l’acheminer par la route dans le territoire bouclé par Israël, plusieurs pays ont mené des parachutages d’aide sur la bande de Gaza ces dernières semaines, dont les États-Unis le 2 mars.
Ces déclarations de responsables américains interviennent au moment où des négociations ont repris le 3 mars en vue d’une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.
L’espoir d’une trêve avant le début du ramadan
Selon un média progouvernemental égyptien, des représentants du Qatar et des États-Unis se trouvent au Caire, où des envoyés du Hamas devaient leur « donner une réponse à la proposition élaborée à Paris » à la fin de janvier, a indiqué une source proche du mouvement islamiste palestinien.
La proposition des médiateurs – Qatar, États-Unis, Égypte – porte sur une pause de six semaines des combats et la libération de 42 des 130 otages israéliens – dont 31 seraient morts – encore retenus à Gaza contre des Palestiniens emprisonnés par Israël. L’objectif est de parvenir à une trêve dans les hostilités avant le début du ramadan, qui commence cette année le 10 ou le 11 mars.
Une trêve pourrait être signée d’ici « 24 à 48 heures » si Israël « accepte les demandes du Hamas », a dit le 3 mars un haut responsable du mouvement palestinien, sous couvert d’anonymat. Celles-ci incluent « le retour dans le nord de Gaza des Palestiniens déplacés et une augmentation de l’aide humanitaire » de l’ordre de « 400 à 500 camions par jour », a-t-il ajouté, contre environ 80 actuellement. Le Hamas réclame également un cessez-le-feu définitif et un retrait militaire israélien de Gaza.
Israël, qui a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne, n’a jusqu’à présent pas exprimé l’intention de se joindre aux négociations en Égypte, exigeant que le Hamas fournisse une liste des otages encore retenus à Gaza.
Plus de 30 000 morts palestiniens, en majorité des civils
Ce 4 mars à Washington, Kamala Harris doit rencontrer le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou. Ministre sans portefeuille et ex-ministre de la Défense d’Israël, Benny Gantz rencontrera aussi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche Jake Sullivan ainsi qu’Antony Blinken, selon des responsables américains.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent lancée dans le sud d’Israël par des commandos du Hamas depuis la bande de Gaza qui a entraîné la mort d’au moins 1 160 personnes, selon un décompte réalisé à partir de données officielles israéliennes. Environ 250 personnes ont aussi été enlevées lors de l’attaque. Une trêve à la fin de novembre avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens emprisonnés par Israël.
Les opérations militaires israéliennes déclenchées en représailles dans la bande de Gaza ont fait 30 410 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Ce dernier a fait état de 90 morts en 24 heures, dont 14 membres de la famille Abou Anza, parmi lesquels les bébés jumeaux de quelques mois Naïm et Wissam, dans une frappe sur leur maison à Rafah.
« Honnêtement, il n’y avait aucune présence militaire dans la maison, seulement des civils, a raconté Shehda Abou Anza, un neveu. Il y avait peut-être plus de 15 enfants dans cette maison [de quatre étages complètement détruite]. Tous des bébés et des enfants en bas âge. »
Le 3 mars au soir, un correspondant a rapporté plusieurs frappes aériennes israéliennes sur Rafah et Khan Younès, plus au nord. Des témoins ont également indiqué qu’une frappe israélienne avait touché un camion humanitaire à Deir el-Balah (centre). Contactée, l’armée israélienne a affirmé sans fournir de détails : « Ce n’est pas un camion humanitaire qui a été touché. » Pour sa part, le Croissant-Rouge palestinien a indiqué sur X avoir « transporté cinq morts et quatre blessés suite au ciblage d’un camion par un drone israélien […] à Deir el-Balah ».
(avec AFP)
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