Libye : le clan Kadhafi se voile la face, les contestataires s’organisent

Le leader libyen Mouammar Kadhafi s’accrochait au pouvoir dimanche 27 février malgré la pression de la rue, les sanctions de l’ONU et les appels à la démission des Occidentaux, alors que l’opposition préparait un gouvernement de transition dans l’est de la Libye.

Des manifestants brandissent l’ancien drapeau libyen, le 27 février à Benghazi. © AFP

Des manifestants brandissent l’ancien drapeau libyen, le 27 février à Benghazi. © AFP

Publié le 27 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Au 13e jour d’une révolte sans précédent, le colonel Kadhafi ne montre aucun signe qu’il va lâcher un pouvoir qu’il détient depuis près de 42 ans. Un de ses fils, Seif el-Islam, longtemps présenté comme son successeur probable, a même affirmé samedi soir que la situation était « excellente » dans les trois quarts du pays, tout en reconnaissant une « volonté intérieure de changement » exprimée par des manifestants « manipulés par l’étranger ».

À New York, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une série de sanctions sévères contre le dirigeant libyen et ses proches. Mais rien ne dit qu’un gel des avoirs du clan Kadhafi à l’étranger, une interdiction de voyager et un embargo sur les ventes d’armes à la Libye suffiront à infléchir la politique de répression du « Guide de la révolution » libyenne. Le président américain Barack Obama a souligné que Mouammar Kadhafi avait perdu toute légitimité et qu’il devait « partir maintenant ».

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L’opposition cré un "gouvernement" parallèle

« La création d’un Conseil national a été annoncée dans toutes les villes libérées de Libye », a déclaré Abdelhafez Ghoqa, lors d’une conférence de presse à Benghazi, deuxième ville du pays et fief de la contestation.

Le conseil est « le visage de la Libye pendant la période de transition », a-t-il dit, ajoutant que les consultations se poursuivent à propos de la composition et de la fonction de ce nouvel organe.

L’ancien ministre de la Justice, Mustafa Abdel Jalil, qui a démissionné le 21 février pour protester contre la répression de la révolte, envisage la création d’un gouvernement de transition chargé principalement de préparer des élections. L’opposition tient une conférence de presse sur le sujet dans l’après-midi.

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Ce gouvernement comptera « des personnalités militaires et civiles. Il sera en place pour trois mois maximum. Ensuite, il y aura des élections justes et les gens pourront choisir leur dirigeant », a-t-il affirmé. M. Abdel Jalil a exclu toute négociation avec M. Kadhafi pour lui permettre de quitter le pays, affirmant qu’il devait être jugé en Libye.

Confusion

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L’opposition armée contrôle l’est du pays, mais la situation est plus confuse concernant les villes proches ou entourant Tripoli. À Zawiyah, à 60 km à l’ouest de la capitale, les autorités qui organisaient un voyage de presse pour des journalistes « invités » par le régime, ont eu la mauvaise surprise de voir des milliers de manifestants défiler, en scandant « à bas le régime, nous voulons la liberté ». Selon des témoins, les manifestants anti-Kadhafi semblaient contrôler la ville.

De nombreux opposants étaient armés et certains d’entre eux ont tiré en l’air lors de la manifestation. Les services de sécurité libyens n’étaient pas visibles dans la ville où les journalistes ont été emmenés par l’organisme officiel libyen chargé de la presse, à la suite des combats qui s’y étaient déroulés jeudi. Ces combats avaient fait plus de 35 morts, selon la Ligue libyenne des droits de l’homme (LLDH).

À Tripoli, seuls circulaient les miliciens du colonel Kadhafi, à bord de 4X4. Des postes de contrôle ont été mis en place dans et autour de la capitale, où le pain et l’essence étaient rationnés, selon un habitant joint par téléphone. « Il n’y a pas de tirs. Le moral est bon. Certains jeunes veulent organiser une manifestation […] mais nous sommes contre, parce que s’il y a d’autres manifestations, Kadhafi continuera de nous tuer », a-t-il assuré.

Dans le quartier d’Al-Tajoura, les opposants étaient invités à crier « Dieu est grand » sur les toits en signe de protestation contre le régime. En revanche, des foules faisaient la queue devant les banques pour retirer les 500 dinars (environ 300 euros) promis aux familles par le gouvernement. Cette mesure, annoncée vendredi, a été relayée par SMS dans les quartiers les plus fidèles au colonel Kadhafi.

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