Crise ivorienne : Abidjan se vide de ses habitants après une semaine de violences

Les violents combats entre les forces loyales à Laurent Gbagbo et le « commando invisible », ont eu raison de la patience des résidents d’Abidjan. Dans plusieurs quartiers, l’exil se poursuit vers des régions plus calmes de la Côte d’Ivoire.

Des habitants d’Abobo, une banlieue d’Abidjian, continuent de fuir. © AFP

Des habitants d’Abobo, une banlieue d’Abidjian, continuent de fuir. © AFP

Publié le 26 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Les familles fuyaient samedi 26 février le quartier d’Abobo à Abidjan, après une semaine d’affrontements meurtriers entre les forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo et des insurgés armés qui ont laissé la Côte d’Ivoire au bord de l’explosion.

"Le quartier se vide", a raconté à l’AFP une habitante après une nuit sous couvre-feu, mesure instaurée pour le week-end par le régime Gbagbo. Samedi après-midi, les tirs à l’arme lourde ont repris dans le quartier d’Abobo, après une accalmie plus tôt dans la journée.

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Au troisième jour d’exode dans le nord de la capitale économique, "les mini-cars ont pu entrer et sont pris d’assaut" par des mères et leurs enfants, a raconté cette jeune femme, elle-même partie rejoindre de la famille dans le quartier de Yopougon (ouest).

"Les gens pensent que le quartier va être bombardé", a expliqué un chauffeur resté à Abobo.

Fuir "Bagdad"

Plusieurs habitants ont cependant indiqué n’avoir pas entendu de tirs depuis vendredi dans ce quartier favorable à Alassane Ouattara, reconnu chef de l’Etat par la communauté internationale, où les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo combattent un groupe armé.

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"Bagdad", comme est désormais surnommé Abobo, gardait toutefois les traces de ces journées de feu et de sang.

"Ce matin j’ai vu des corps, des civils apparemment, que personne n’avait récupérés", a raconté le chauffeur, sans pouvoir préciser quand ils avaient été tués.

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Un bilan des combats restait impossible à établir mais de nombreux témoins ont fait état d’affrontements très meurtriers.

Mystérieux "commando invisible"

"Le travail continue" à Abobo, a déclaré à des journalistes le chef d’état-major des FDS, le général Philippe Mangou.

Baptisé par la presse locale "commando invisible", "mystérieux" ou "fantôme", le groupe, armé notamment de lance-roquettes, qui a attaqué depuis janvier les FDS à Abobo avant de redoubler d’activité ces derniers jours, continue de susciter les interrogations.

Pour les FDS, il est composé d’éléments de la "rébellion" des Forces nouvelles (FN), qui contrôle le nord du pays depuis son putsch manqué de 2002 et s’est alliée à Alassane Ouattara au commencement de la crise née du scrutin de novembre.

Mais dans le camp Ouattara on récuse toute implication, affirmant qu’il s’agit d’habitants ayant pris les armes ou de FDS passés de l’autre côté.

Une médiation surréaliste, en marge des violences

Dans la capitale politique Yamoussoukro, théâtre pour la première fois d’affrontements à l’arme lourde dans la nuit de jeudi à vendredi, le calme était aussi revenu. La ville "reprend timidement ses activités, beaucoup de boutiques sont fermées et il y a peu d’affluence au marché", a raconté un journaliste local.

Dans le "Grand Ouest", région proche du Liberia et instable depuis des années, la situation était incertaine au lendemain de la prise par les FN de deux localités aux confins de la zone sud sous contrôle du camp Gbagbo. Les FDS assuraient samedi en avoir chassé l’ennemi.

La semaine écoulée a donné un caractère presque irréel aux efforts de médiation menés par l’Union africaine pour résoudre la crise, qui a déjà fait au moins 315 morts selon l’ONU et poussé des dizaines de milliers d’Ivoiriens à fuir le pays.

Quatre chefs d’Etat – Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Idriss Deby Itno (Tchad) et Jakaya Kikwete (Tanzanie) – ont rencontré les rivaux ivoiriens en début de semaine à Abidjan. Chargés au départ d’élaborer des solutions "contraignantes" pour les parties d’ici fin février, ils se concerteront de nouveau le 4 mars à Nouakchott. "Nous ne sommes pas au bout de nos peines", avait convenu le président mauritanien.

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