La justice française valide l’expulsion de l’imam tunisien Mahjoubi

Expulsé à la suite de propos qu’il a ensuite qualifiés de « lapsus », l’imam avait déposé un recours, estimant que son cas était instrumentalisé par le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, pour faire la promotion de la récente loi sur l’immigration. La juge des référés a rejeté sa demande.

L’imam tunisien Mahjoub Mahjoubi à son domicile, dans la ville de Soliman, le 23 février 2024, un jour après avoir été expulsé de France. © Photo by FETHI BELAID / AFP

L’imam tunisien Mahjoub Mahjoubi à son domicile, dans la ville de Soliman, le 23 février 2024, un jour après avoir été expulsé de France. © Photo by FETHI BELAID / AFP

Publié le 4 mars 2024 Lecture : 2 minutes.

La juge des référés a validé, lundi 4 mars, l’expulsion de l’imam tunisien Mahjoub Mahjoubi, qui contestait son renvoi de France, estimant notamment qu’il avait délibérément tenu dans ses prêches des propos discriminatoires et incitant à la haine envers les femmes et les juifs. Le tribunal a jugé que les propos prononcés par Mahjoub Mahjoubi ne s’inscrivaient pas dans « le cadre des valeurs de la République française, opposaient les musulmans et les non-musulmans, incitaient à la haine envers les juifs et Israël ou faisaient l’apologie du jihad et de la charia », explique-t-il dans un communiqué.

Le 1er mars, Mahjoub Mahjoubi avait déposé – comme il le confirmait dans une interview accordée à Jeune Afrique – par le biais de son avocat, Me Samir Hamroun, une demande de référé-liberté pour contester auprès du juge des référés du tribunal administratif l’arrêté d’expulsion à l’encontre de son client pris en personne par le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

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Me Samir Hamroun a indiqué à l’AFP avoir interjeté appel de la décision devant le conseil d’État qui statuera en référé. Il avait dénoncé vendredi « une violation des droits inouïe » et « une procédure inédite en termes de célérité » contre son client, qui « a été privé de pouvoir faire entendre sa cause devant un juge ».

Imam de la petite ville de Bagnols-sur-Cèze, dans le département du Gard (sud de la France), Mahjoub Mahjoubi a été interpellé puis expulsé le 22 février vers la Tunisie. Il lui était notamment reproché la diffusion d’une vidéo dans laquelle il qualifiait le « drapeau tricolore » – sans préciser s’il s’agissait du drapeau français – de « drapeau satanique » qui n’aurait « aucune valeur auprès d’Allah ».

Dans sa décision rendue lundi, la juge estime que Mahjoub Mahjoubi « développe un discours théorisant la soumission de la femme à l’homme et impliquant que les femmes ne puissent bénéficier des mêmes libertés ou des mêmes droits que les hommes, en méconnaissance du principe constitutionnel d’égalité ».

« Éloge de la charia »

Elle relève, par ailleurs, que l’imam « tient des propos contre les principes de la République en s’en prenant au drapeau français, emblème national, et en faisant l’éloge de la charia », la loi islamique. Elle note, en outre, « que les propos proférés sont des actes de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » envers des personnes « en raison de leur non-appartenance à la religion musulmane ou à l’appartenance à un autre courant de l’islam ».

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Enfin, la juge souligne que les propos de Mahjoub Mahjoubi « envers les juifs, désignés notamment comme les ennemis historiques des musulmans qu’il faut combattre, sont constitutifs d’actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre les juifs ». Elle précise, en dernier lieu, que Mahjoub Mahjoubi a tenu des propos incitant au terrorisme en faisant une apologie du jihad.

(Avec AFP)

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