Présidentielle ougandaise : Museveni réélu, son principal rival crie à la fraude

Le président ougandais Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, a été largement réélu pour un mandat de cinq ans au terme d’une élection présidentielle vendredi entachée de fraudes massives selon son principal rival, Kizza Besigye, qui a catégoriquement rejeté ces résultats.

Yoweri Museveni devrait entamer un quatrième mandat consécutif. © Reuters

Yoweri Museveni devrait entamer un quatrième mandat consécutif. © Reuters

Publié le 20 février 2011 Lecture : 3 minutes.

M. Museveni, 66 ans, a obtenu 68,38 % des suffrages (5 428 369 voix), loin devant son adversaire et ancien médecin personnel Kizza Besigye, 54 ans, crédité de 26,01 % (2 064 953 voix), selon les résultats complets annoncés dimanche après-midi par la commission électorale.

Le chef de l’État sortant améliore son score de la présidentielle de 2006 (59 %), marquée par des fraudes selon la Cour Suprême du pays.

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Les six autres candidats se partagent des miettes, Mao Norbert arrivant troisième avec 1,86 % des suffrages, suivi de l’ancien secrétaire général adjoint des Nations unies Olara Otunnu (1,58 %).

Le taux de participation s’élève à 59,29 % des voix.

"Soulèvement à l’égyptienne"

« Nous rejetons catégoriquement les résultats de l’élection », avait déclaré peu de temps auparavant M. Besigye.

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La Commission électorale, jugée favorable au régime en place par la coalition de M. Besigye, a rejeté les accusations d’irrégularité, exigeant des « preuves ».

Mais M. Besigye a déjà renoncé publiquement à porter le litige électoral devant la Cour suprême.

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L’opposant a assuré qu’il allait « consulter les partis politiques, les responsables religieux, la société civile et le public pour déterminer comment mettre fin au gouvernement illégitime qui pourrait être installé ».

« Nous n’avons appelé personne à descendre dans la rue, […] il y a d’autres options […] mais nous ne l’écartons pas », a-t-il souligné.


Le candidat ougandais d’opposition Kizza Besigye, le 20 février 2011 à Kampala.
© AFP

Dans la soirée, la police a clairement prévenu qu’elle ne tolérerait aucune contestation de rue : « Je mets en garde quiconque à en tête de nous tester, […] ils connaîtront l’entière force de la loi et ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes », a averti le chef de la police, l’inspecteur général Kale Kayihura.

M. Besigye avait appelé avant le scrutin les Ougandais à contester d’éventuelles irrégularités dans la rue, jugeant que le pays était « mûr » pour un soulèvement à l’égyptienne.

Élections inéquitables d’après les observateurs

Les missions d’observation électorales du Commonwealth et de l’Union européenne ont dénoncé d’importantes lacunes dans l’organisation du scrutin et son caractère inéquitable en raison des fonds mobilisés par le parti au pouvoir, déplorant un « nombre inacceptable de citoyens privés du droit de vote ».

« En outre, le pouvoir du sortant a été exercé à une telle échelle qu’il compromet sérieusement le caractère équitable du scrutin », a critiqué le chef de la mission de l’UE, Edward Scicluna.

Autoproclamé « expert en élections », Museveni, 66 ans, avait annoncé la tournure des événements 48 heures avant le scrutin : « D’ici la fin des cinq prochaines années, l’Ouganda sera un pays émergent. Et je ne laisserai pas Besigye et sa bande remettre en cause ce plan. »

Misant sur la paix retrouvée dans l’ensemble du territoire – avec le départ de la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) du nord du pays sur une croissance économique robuste et sur la manne pétrolière attendue avec l’exploitation à partir de 2012 d’importantes réserves pétrolières, M. Museveni n’envisageait pas d’autre scénario qu’une victoire au premier tour.

M. Besigye, son ancien médecin personnel pendant les années de rébellion (1981-1986), n’a eu de cesse de dénoncer la corruption du régime et l’absence de perspectives économiques pour la jeunesse, ingrédients d’un possible soulèvement populaire.

« Il n’y aura pas de révolution à l’égyptienne ici […] », avait assuré le chef de l’État, promettant de « mettre en prison » ceux qui descendraient dans la rue.

De fait, le régime instille depuis trois jours un message de dissuasion très clair à la population, avec un imposant déploiement policier dans toute la capitale.

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