Plus de 100 morts depuis le début des émeutes en Libye d’après HRW

Au moins 104 personnes ont été tuées en Libye depuis le début de la contestation mardi, a affirmé dimanche l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW), après de nouveaux heurts meurtriers samedi entre forces de sécurité et manifestants.

Le colonel Kaddafi, le 6 novembre 2008 à Kiev. © AFP

Le colonel Kaddafi, le 6 novembre 2008 à Kiev. © AFP

Publié le 20 février 2011 Lecture : 3 minutes.

"Notre chercheur en Libye nous a confirmé qu’il y avait au moins 104 morts", a déclaré le directeur du bureau de HRW à Londres, Tom Porteous, joint par téléphone, citant des sources médicales et des témoins.

"Mais c’est une photographie incomplète de la situation car les communications avec la Libye sont très difficiles. Nous avons de fortes inquiétudes (…) qu’une catastrophe soit en cours en matière de droits de l’Homme", a-t-il ajouté. "Le gouvernement a coupé toutes les communications internet dans le pays et interfère dans les liaisons téléphoniques, à la fois mobiles et fixes, ce qui rend très difficile la collecte d’informations", a expliqué M. Porteous.

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Tirs à balle réelle

Selon un décompte de l’AFP établi à partir de différentes sources libyennes, le bilan de la contestation contre le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, s’élevait à au moins 77 morts, la plupart à Benghazi, deuxième ville du pays et bastion de l’opposition.

Un membre du personnel de l’hôpital Al-Jalal à Benghazi a déclaré à HRW que l’établissement avait reçu samedi plus de 20 morts et que 25 blessés étaient dans un état critique, a ajouté M. Porteous. "La majorité des blessés présentaient des blessures par balles à la tête, au cou et aux épaules", a-t-il précisé.

Un précédent bilan des affrontements samedi entre manifestants et militaires, communiqué par le journal libyen Quryna, faisait état de 12 morts et de nombreux blessés.

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Les affrontements ont eu lieu après qu’une foule, qui participait aux obsèques de manifestants tués vendredi, a attaqué une caserne militaire, a expliqué Quryna, proche du réformiste Seïf el-Islam Kadhafi, un des fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi. Les protestataires ont jeté des cocktails Molotov en direction de la caserne et les militaires ont riposté à balles réelles, a précisé le rédacteur en chef du journal, Ramadan Briki, en citant des sources des forces de sécurité.

Des habitants cités par la BBC ont affirmé que les militaires avaient tiré à l’arme lourde, lançant notamment des obus de mortier. Selon la chaîne qatarie Al-Jazira, les hôpitaux manquaient de sang pour soigner les blessés.

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"Mercenaires africains"

Des "heurts violents" entre manifestants et forces de l’ordre ont également eu lieu samedi à Musratha, troisième ville du pays, faisant "des morts et des blessés", d’après des témoins qui ont précisé que les manifestants étaient descendus dans les rues en "soutien aux habitants de Benghazi". Selon des témoignages concordants, les forces de l’ordre étaient appuyées par des "mercenaires africains". Les témoins ont accusé ces derniers de "tirer sur la foule sans distinction".

Des "incidents" ont par ailleurs eu lieu samedi soir dans certaines banlieues de Tripoli, notamment à Fachloum et Tajoura, où des coups de feu ont été entendus, selon des opposants résidant à l’étranger qui citent des témoins. Ces sources ont affirmé que des manifestants ont scandé des slogans contre le régime. Elles n’étaient pas en mesure de préciser s’il y avaient des victimes.

Parallèlement, les autorités ont annoncé avoir arrêté dans "certaines villes" des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un "réseau" ayant pour mission de déstabiliser le pays, a rapporté l’agence de presse officielle libyenne Jana. Selon Jana, "les personnes arrêtées sont de nationalités tunisienne, égyptienne, soudanaise, palestinienne et syrienne" ainsi que "turque".

"Des sources proches des enquêtes en cours n’écartent pas l’hypothèse qu’Israël soit derrière ce réseau", a ajouté l’agence.

Le colonel Kadhafi n’a toujours pas fait de déclaration officielle depuis le début du mouvement. Mais les comités révolutionnaires, pilier du régime, ont promis vendredi aux "groupuscules" à l’origine des manifestations une riposte "foudroyante".

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Seif el-Islam Kaddafi à l’université du Caire, le 5 mai 2010. © Amr Dalsh/Reuters

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