À Gaza, la trêve – et la famine – se profilent
Les médiateurs égyptiens, américains et qataris tentent d’arracher un compromis aux deux camps afin d’obtenir un accord de trêve avant le début, le 10 ou 11 mars, du ramadan.
Les négociations entre le Hamas et les médiateurs internationaux continuent ce 5 mars au Caire dans l’espoir de parvenir, avant le ramadan, à une trêve à Gaza après presque cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien. « Il y a eu un progrès significatif dans les négociations » qui ont repris dimanche sans représentant israélien, a déclaré un haut responsable sur la chaîne égyptienne AlQahera News, proche des services de renseignement du pays.
Un tel accord permettrait une libération d’otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Les États-Unis, principal soutien d’Israël, réclament avec de plus en plus d’insistance un cessez-le-feu face à la catastrophe humanitaire que la guerre a causée dans la bande de Gaza.
Kamala Harris exprime sa « profonde inquiétude »
Lors d’une rencontre avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien et grand rival politique du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a exprimé sa « profonde inquiétude » pour Gaza. Elle a aussi « appelé le Hamas à accepter les conditions qui sont sur la table pour une libération des otages qui se traduirait par un cessez-le-feu immédiat de six semaines et permettrait d’augmenter l’aide humanitaire ».
Selon l’ONU, la famine est « quasiment inévitable » pour 2,2 millions d’habitants de Gaza, soit l’immense majorité de la population, l’aide humanitaire n’arrivant qu’au compte-gouttes alors que les besoins sont immenses.
Les tensions entre Israël et les Nations unies s’aggravent
Cette situation catastrophique est aggravée par les tensions entre l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et Israël, qui réclame son démantèlement. Israël accuse cette agence d’employer « plus de 450 terroristes » du Hamas et d’autres organisations à Gaza, et affirme que 12 de ses employés ont été impliqués dans l’attaque du 7 octobre. Un tel démantèlement serait « irréfléchi », a déclaré devant l’Assemblée générale de l’ONU le patron de l’Unrwa, Philippe Lazzarini. « En le faisant, nous sacrifierons une génération entière d’enfants, semant les graines de la haine, du ressentiment et d’un futur conflit », a-t-il averti.
En outre, le patron de l’Unrwa a accusé Israël de faire vivre un « calvaire » aux Palestiniens faits prisonniers à Gaza depuis le début de la guerre. « Nous avons vu ces gens revenir de détention, certains après quelques semaines, certains après quelques mois. Et la plupart d’entre eux complètement traumatisés par le calvaire qu’ils avaient vécu », a-t-il expliqué. « Il s’agit d’une large gamme de mauvais traitements », a-t-il ajouté. « Des personnes systématiquement humiliées, des personnes prises en photo nues, sujettes à des abus verbaux et psychologiques, des menaces d’électrocution », ou encore « des privations de sommeil, l’utilisation de bruit extrême pour empêcher de dormir », « l’utilisation de chiens pour intimider ».
L’agence avait déjà accusé les autorités israéliennes d’avoir commis des actes de « torture » contre certains de ses employés arrêtés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. « Nos employés nous ont rapporté des choses atroces lors de leur détention et de leurs interrogatoires », notamment « des tortures » et « de l’exploitation sexuelle », a-t-elle dit dans un communiqué.
« La honte de l’ONU exposée à la vue de tous »
Le 4 mars, Israël a rappelé son ambassadeur aux Nations unies, Gilad Erdan, pour dénoncer le « silence » du secrétaire général de l’ONU António Guterres sur les violences sexuelles présumées du Hamas lors des attaques sans précédent du 7 octobre. Dans un discours devant l’Assemblée générale, Erdan a accusé l’ONU « d’être elle-même une organisation terroriste à Gaza ». Les Nations unies ont été critiquées pour avoir réagi trop lentement aux viols et violences sexuelles dont Israël accuse le Hamas, mais le secrétaire général les dénonce désormais quasi systématiquement dans ses discours.
Sa représentante spéciale sur les violences sexuelles lors des conflits Pramila Patten a conclu, après une visite en Israël, qu’il existe de « bonnes raisons de croire » que des victimes du 7 octobre ont été violées, tout comme certains otages détenus à Gaza. « Cela a pris aux Nations unies cinq mois pour finalement reconnaître les crimes sexuels », a commenté Gilad Erdan, évoquant la « honte de l’ONU exposée à la vue de tous ».
(Avec AFP)
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