Le Forum social mondial débute sous le signe de la révolte à Dakar
Le Forum social mondial (FSM), vaste rassemblement annuel d’altermondialistes, débute dimanche à Dakar sur fond de mouvements de contestation dans le monde arabe, particulièrement en Égypte et Tunisie, mais également dans le pays d’accueil, le Sénégal.
Le coup d’envoi de cette onzième édition du FSM va être donné dans l’après-midi par une marche dans les rues de la capitale sénégalaise.
Puis, jusqu’au 11 février, les milliers de participants attendus se répartiront en divers lieux de la ville, en particulier Gorée, île symbole de la traite négrière, pour débattre et proposer des alternatives au capitalisme « en crise », selon eux.
Premier FSM en Afrique francophone
Plusieurs personnalités ont été annoncées, dont les présidents bolivien Evo Morales, vénézuélien Hugo Chavez, béninois Boni Yayi, guinéen Alpha Condé, de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping, l’ancien dirigeant du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, et la dirigeante du Parti socialiste français, Martine Aubry.
Le FSM, qui se tient juste après le Forum économique mondial de Davos, se présente comme le contrepoint à cette réunion du gotha politique et économique mondial dans une station de ski huppée des Alpes suisses.
C’est la deuxième fois depuis sa création en 2001 à Porto-Alegre, que le FSM se réunit en Afrique après celui de Nairobi en 2007, la première fois dans un pays d’Afrique francophone.
« L’Afrique illustre l’un des plus grands échecs de trois décennies des politiques néolibérales », indique le dossier de presse du FSM. « En réaction, les mouvements sociaux et les citoyens du monde se joignent aux peuples africains qui refusent de payer le prix des crises actuelles dans lesquelles ils n’ont aucune responsabilité », ajoute-t-il.
Le continent africain en proie à la contestation
Le nord du continent africain a été depuis décembre 2010 le théâtre de mouvements de contestation populaire qui ont abouti le 14 janvier à la fuite du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et ébranlent actuellement le président égyptien Hosni Moubarak.
À un degré moindre, le président algérien Abdelaziz Bouteflika, est également confronté à la contestation populaire, de même que le régime de son homologue yéménite Ali Abdallah Saleh.
Et le Sénégal, pays musulman d’accueil du Forum dirigé depuis onze ans par Abdoulaye Wade, fervent partisan du libéralisme, est également confronté depuis des mois à des manifestations régulières et souvent violentes de jeunes.
Désespérés, confrontés au chômage et sans avenir, ils prennent prétexte des coupures d’électricité récurrentes qui exaspèrent toutes les couches de la société sénégalaise, pour exprimer leur colère à un an d’une présidentielle à laquelle Wade, 83 ans, entend se présenter pour un troisième mandat.
Cette onzième édition intervient à « un moment historique où tout est explosif », note Pouria Amirshahi, de la délégation du PS français au FSM.
Mais dix ans après sa première manifestation à Porto Alegre, le Forum reste un lieu de parole qui n’ébranle pas le capitalisme, dominant dans le monde.
« Nous ne décidons pas. Nous analysons des politiques et nous faisons des propositions alternatives », souligne Mignane Diouf, responsable de l’organisation du Forum de Dakar, membre du Forum social sénégalais.
Selon ses responsables, le FSM regroupe tous ceux qui s’opposent « aux valeurs du néo-libéralisme que défendent les institutions internationales, les multinationales et même certains gouvernements qui laissent en rade la majorité de la population au bénéfice d’une frange de privilégiés qui usent et abusent des richesses du monde ».
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