Égypte : la direction du parti de Moubarak démissionne

Le bureau exécutif du parti au pouvoir en Egypte a démissionné samedi, renforçant encore la pression sur le président Hosni Moubarak, au 12e jour de manifestations réclamant son départ immédiat.

Hosni Moubarak à Syrte (Libye) en octobre 2010. © AFP

Hosni Moubarak à Syrte (Libye) en octobre 2010. © AFP

Publié le 5 février 2011 Lecture : 4 minutes.

Le bureau exécutif du parti au pouvoir en Egypte a démissionné samedi, renforçant encore la pression sur le président Hosni Moubarak, au 12e jour de manifestations réclamant son départ immédiat.

"Les membres du comité exécutif (du Parti national démocrate, PND) ont démissionné de leurs postes. Il a été décidé de nommer Hossam Badrawi secrétaire général du parti", a annoncé la télévision d’Etat égyptienne.

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Autre désaveu pour Hosni Moubarak, son fils Gamal a été évincé du poste de président du comité politique du PND, au profit également de M. Badrawi, connu pour avoir de bons rapports avec l’opposition égyptienne.

Dans la rue, par ailleurs, la mobilisation ne faiblissait pas. Sur la place Tahrir, emblème de la contestation dans le centre du Caire, des milliers de manifestants scandaient "va-t’en, va-t’en" à l’adresse de M. Moubarak, 82 ans, qui gouverne l’Egypte d’une main de fer depuis 29 ans.

Isolement international

Le Premier ministre britannique David Cameron a appelé à une évolution rapide: "Nous avons besoin de changement, de réformes et de transition pour parvenir à davantage de stabilité" en Egypte, a-t-il dit.

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Son homologue irakien Nouri al-Maliki a également jugé le changement "nécessaire".

Appelé la veille par Washington à s’effacer le plus rapidement possible, M. Moubarak n’a néanmoins montré dans la journée aucun signe d’une volonté de démissionner.

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Il a ainsi réuni le Premier ministre Ahmad Chafic, qui avait exclu la veille une transition entre M. Moubarak et le vice-président Omar Souleimane, le ministre du Pétrole Sameh Fahmy, le chef de la Banque centrale Farouk Oqda et le ministre des Finances Samir Radwane.

C’est la première fois qu’il le faisait depuis le limogeage le 29 janvier du précédent cabinet sous la pression de la rue.

Pour le chef du mouvement d’opposition Kefaya, Georges Ishaq, cette réunion "est une preuve qu’il (M. Moubarak) s’accroche à sa position et veut montrer au peuple qu’il est toujours là".

Sortie digne pour Moubarak ?

Pour autant, à l’étranger, la presse faisait état de plusieurs scénarios pour assurer une sortie digne à M. Moubarak, après que le président américain Barack Obama a déclaré que "des discussions" s’étaient engagées sur la transition politique.

Selon le New York Times, M. Souleimane et les chefs de l’armée examinent des hypothèses visant à limiter l’autorité de M. Moubarak.

Parmi elles, il pourrait être suggéré au raïs d’aller dans sa résidence de Charm el-Cheikh sur la mer Rouge, ou de partir pour l’une de ces habituelles cures médicales annuelles en Allemagne, qui serait cette fois prolongée. M. Souleimane formerait alors un gouvernement de transition et lancerait un dialogue avec l’opposition en vue de réformes.

Dans une interview à Der Spiegel, un porte-parole du mouvement d’opposition influent des Frères musulmans, Rachad Bayoumi, a affirmé que son groupe ne voulait pas que la contestation "soit présentée comme une révolution islamique".

"C’est un soulèvement du peuple égyptien", a-t-il dit après un appel du numéro un iranien, Ali Khamenei, à un régime islamique en Egypte.

De son côté, l’opposant égyptien le plus en vue, Mohamed ElBaradei, qui comme le chef de la Ligue arabe Amr Moussa n’a pas exclu de se présenter à la succession de M. Moubarak, a dit souhaiter discuter avec l’état-major afin d’organiser "une transition sans effusion de sang".

La Russie a demandé, via son ambassade au Caire, à M. ElBaradei de chercher "une sortie de crise", selon une source diplomatique russe.

La mobilisation se poursuit place Tahrir

Sur la place Tahrir, les manifestants exposaient leurs revendications sur une banderole géante: départ du président, mise en place d’un gouvernement de transition et levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1981.

Des milliers d’entre eux avaient passé une nouvelle nuit sur place, bravant le couvre-feu, au lendemain de manifestations ayant réuni des centaines de milliers de personnes à travers le pays.

Au petit matin, des dizaines d’entre eux ont cherché à empêcher des chars de l’armée de quitter la place, de crainte que des militants pro-Moubarak ne s’en prennent à eux.

Depuis jeudi, les manifestations se déroulent dans le calme. Des affrontements entre policiers et manifestants antigouvernementaux durant les premiers jours de la contestation, puis entre militants pro- et anti-Moubarak mercredi, ont fait environ 300 morts et des milliers de blessés, selon l’ONU, un bilan non confirmé par d’autres sources.

Depuis l’Allemagne, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a salué la "retenue" des autorités égyptiennes vendredi.

Mais elle a aussi prévenu que la marche vers la démocratie au Moyen-Orient, qu’elle a soutenue, présentait des "risques de chaos", et que la conjoncture y était "parfaite" pour une "tempête".

Face à la situation instable, la Bourse du Caire, fermée depuis le 30 janvier, ne rouvrira pas lundi comme prévu, mais d’après les médias officiels, les tribunaux reprennent dimanche leurs activités.

Parallèlement, un terminal gazier, approvisionnant la Jordanie, et Israël sur une section, a été la cible d’une attaque à l’explosif dans le Sinaï égyptien, mais il n’était pas clair dans l’immédiat si ce sabotage était lié à la révolte populaire.

Une église de Rafah, dans le Sinaï égyptien, était en flammes samedi après-midi, selon des témoins, mais l’origine du sinistre restait floue.

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