Les familles des martyrs de la révolution tunisienne seront indemnisées
La « Tunisie nouvelle » commence à indemniser les familles des « martyrs de la révolution », trois semaines après la chute du président Ben Ali, alors que Paris et Tunis disent avoir « dissipé les malentendus » lors d’un premier contact direct.
Jeudi, les autorités ont commencé à accorder des compensations aux familles des personnes tuées à Ben Arous, dans la banlieue sud de Tunis, durant les semaines d’émeutes qui ont fait tomber le régime. Selon un communiqué officiel, le gouvernement a décidé d’allouer 20 000 dinars (10 300 euros) par mort et 3 000 dinars (1 546 euros) par blessé. Le 1er février, le chef de la mission du Haut Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, avait avancé le chiffre d’au moins 219 morts et 510 blessés.
Signe du retour à la normale qui se confirme, le gouvernement a décidé d’alléger à partir de samedi le couvre-feu en vigueur depuis le 12 janvier, a annoncé l’agence officielle TAP. Il courra de minuit à 04H00 locales. La journée complète de travail est également rétablie dès lundi dans les administrations et entreprises publiques. Pendant les semaines de la révolte et le début de la transition les fonctionnaires ne travaillaient que le matin.
Agitation syndicale
Le pays est toujours confronté à des grèves sectorielles ou de petites manifestations, mais globalement, la machine économique a redémarré, notamment au port de Radès (Tunis), qui concentre 70% de l’activité import-export du pays. En revanche les mines de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) dans la région de Gafsa (centre-ouest) sont paralysées par des demandeurs d’emplois, a annoncé vendredi l’agence TAP.
La CPG et le Groupe chimique tunisien (GCT), deux entreprises publiques, perdent depuis deux semaines "environ 3 millions de dinars" (1,5 million d’euros), selon l’agence. Concernant le tourisme, un secteur vital, une délégation de l’ensemble des compagnies aériennes et voyagistes français est attendue la semaine prochaine à Tunis pour rencontrer les autorités.
Au plan diplomatique, la France et la Tunisie post-Ben Ali ont eu vendredi un premier contact direct à Paris et assuré avoir "dissipé les malentendus". Après un déjeuner de travail avec la chef de la diplomatie française Michèle Alliot-Marie, son homologue Ahmed Abderraouf Ounaïs n’a pas tari d’éloges sur son hôtesse, vivement critiquée en France et par la presse tunisienne pour sa gestion de la crise.
MAM fait du zèle
Il l’a notamment remerciée pour son "plaidoyer pour la cause de la Tunisie" à Bruxelles, où la France a demandé d’accélérer le processus d’octroi à la Tunisie du statut avancé, qui permet un traitement douanier préférentiel pour les échanges et une libéralisation des visas.
"Michèle Alliot-Marie a anticipé notre souhait d’engager un dialogue en profondeur et de dissiper les malentendus sur l’intelligibilité du mouvement social tunisien, sur la révolte nationale qui est une quête de la dignité et de la répartition égalitaire des revenus de la nation, trop longtemps détournés au profit de quelques familles", a-t-il dit.
De son côté l’Union européenne a gelé vendredi les avoirs de 46 proches du clan Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi, en plus de l’ancien couple présidentiel. "Il s’agit pour l’essentiel de membres des deux familles" Ben Ali et Trabelsi, a indiqué à l’AFP une source diplomatique.
Enfin une délégation de parlementaires européens a rencontré vendredi le premier ministre Mohammed Ghannouchi. Le chef de la mission, Jose Ignacio Salafranca a déclaré à l’agence TAP avoir exprimé "la solidarité du parlement européen et de l’Union européenne, et l’appui au processus de transition démocratique".
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