Priorité à la reprise de l’activité économique et à la transition démocratique en Tunisie
Après les violents affrontements qui ont ébranlé vendredi encore le centre de Tunis, Mohamed Ghannouchi a insisté sur l’importance de mener à terme la transition politique dont il est chargé.
Le calme est revenu samedi 29 janvier dans le centre de Tunis, secoué la veille par de violents affrontements entre policiers anti-émeutes et des centaines de manifestants délogés manu militari du quartier des ministères.
Vendredi soir, dans une interview télévisée, le Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi a estimé que "les deux défis essentiels qui se dressent devant la Tunisie sont la transition démocratique et la relance de l’activité économique". Il a expliqué, sur la télévision privée Nesma, que les concertations sur la nouvelle composition du gouvernement provisoire "avaient été élargies à toutes les parties, qu’il s’agisse de partis politiques, société civile, sensibilités politiques, compétences ou universitaires".
La Tunisie, a-t-il concédé, n’a pas "une riche expérience en matière de transition démocratique (mais) elle est dans l’obligation de relever ce défi politique".
Le pays a toutefois "tous les moyens nécessaires pour réussir cette transition démocratique qui permettra à tous les Tunisiens, toutes appartenances politiques confondues, de s’exprimer en toute liberté et de choisir leur dirigeant après cette phase transitoire", a indiqué celui qui fut le Premier ministre pendant onze ans du président Ben Ali jusqu’à la chute de ce dernier le 14 janvier.
Soulagement
Insistant sur la nécessité d’une reprise rapide de l’activité économique, il a souligné que malgré une "conjoncture difficile", les réseaux d’électricité et de télécommunications n’ont pas été interrompus.
Samedi matin, l’esplanade de la Kasbah, haut-lieu pendant cinq jours des protestations contre le gouvernement de Mohamed Ghannouchi, est totalement bouclée par des militaires après avoir été dégagée vendredi de tous les manifestants qui demandaient la tête du Premier ministre, a constaté l’AFP.
Aucune tension n’est perceptible dans les rues de la médina voisine, où un sentiment de soulagement était perceptible.
"L’école reprend, c’est important", dit Hocine, un père de famille qui emmène sa fille de 9 ans dans un établissement scolaire du quartier. Plus politique, il ajoute à propos du gouvernement remanié jeudi soir sous la pression de la rue : "maintenant nous avons des technocrates compétents pour organiser les élections".
"Marre" des manifestations
"Y’en a marre", s’emporte un épicier du quartier, qui a pu, à son grand soulagement, ouvrir sa boutique tôt samedi matin.
Un certain ras-le-bol était perceptible chez certains au centre-ville, où des correspondants de l’AFP ont pu voir vendredi soir des commerçants prêter main forte à des policiers qui pourchassaient des manifestants dans les petites rues autour de l’avenue Habib Bourguiba. "On ne veut pas d’eux ici. Ils ne viennent pas manifester, mais casser. Et si les commerces n’ouvrent pas, comment va-t-on manger ?", lance Nizar, un habitant du centre qui a participé aux course-poursuites aux côtés des forces de l’ordre.
"Même si ce n’est pas tout à fait fini, c’est la fin du mouvement", lâche tout sourire Ghaya el Mouna, une étudiante de 20 ans qui, avec sa soeur, fait la queue dans un magasin de vêtements, en ce premier jour des soldes sur l’avenue Habib Bourguiba, théatre d’échauffourées pendant plusieurs heures dans la soirée de vendredi.
Une quinzaine de personnes ont été été blessées vendredi lors des heurts avec la police pendant l’évacuation de la Kasbah et sur l’avenue Bourguiba, selon des sources concordantes.
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