Attentat contre une église copte : l’Égypte accuse le groupe palestinien l’Armée de l’Islam
Les autorités égyptiennes soupçonnent l’Armée de l’Islam (groupe palestinien) d’être responsable de l’attentat du Nouvel An contre une église copte d’Alexandrie. Leur porte-parole à Gaza a aussitôt démenti toute implication.
L’Egypte a accusé dimanche 23 janvier un groupe radical palestinien d’être responsable de l’attentat contre une église copte d’Alexandrie, qui a coûté la vie à plus de 20 personnes dans la nuit du Nouvel an et provoqué un regain d’inquiétude pour les chrétiens d’Orient. "Le groupe palestinien de l’Armée de l’Islam, lié à Al-Qaïda, est derrière l’attentat contre l’église des Saints à Alexandrie" (nord), a déclaré le ministre de l’Intérieur Habib al-Adli, qui s’exprimait à l’occasion de la journée de la police.
L’Armée de l’Islam a rapidement démenti en affirmant par la voix d’un porte-parole à Gaza n’avoir "aucune relation, de près ou de loin" avec cette attaque.
Le président Hosni Moubarak a quant à lui, remercié dans un discours la police "pour avoir trouvé les responsables de l’attentat terroriste d’Alexandrie", sans donner plus de détails.
Pas de revendication formelle
L’agence officielle égyptienne Mena a pour sa part donné un bilan de 23 morts, contre 21 auparavant, pour cet attentat qui n’a pas encore été formellement revendiqué.
Selon un responsable des services de sécurité, cinq Egyptiens ont été arrêtés il y a une dizaine de jours à Alexandrie dans le cadre de l’enquête. "Au cours des interrogatoires, ils ont dit que la planification de l’attaque venait de l’extérieur", a-t-il assuré sous couvert de l’anonymat.
M. Moubarak a également prévenu les pays étrangers qui ont plaidé ces dernières semaines pour une meilleure protection de la minorité copte après cet attentat que l‘Egypte n’accepterait "aucune pression ou ingérence" à ce sujet.
"Des mains étrangères"
Les autorités avaient indiqué début janvier que l’attentat avait été commis par un inconnu porteur d’une charge explosive, qui avait explosé devant l’église des Saints au moment où les fidèles commençaient à sortir, après une messe de Nouvel an.
Le président Moubarak avait mis en cause des "mains étrangères" pour cet attentat commis deux mois après des menaces contre les chrétiens d’Egypte lancées par la branche irakienne d’Al-Qaïda, qui avait revendiqué l’attentat le 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad (46 civils tués).
Les Coptes, pour la plupart orthodoxes avec une minorité catholique, représentent 6 à 10% des quelque 80 millions d’Egyptiens, en grande majorité sunnites. Cet attentat a relancé les inquiétudes de cette minorité qui s’estime victime de discriminations. La sécurité avait été fortement renforcée autour des églises d’Egypte à l’occasion du Noël orthodoxe, célébré le 7 janvier.
L’attaque d’Alexandrie avait été suivie quelques jours plus tard par une fusillade dans un train contre un groupe de passagers coptes, qui a fait un mort. Les autorités ont démenti que le meurtrier, un policier, ait agi pour des motifs confessionnels.
Ni pression ni ingérence étrangère
L’attentat d’Alexandrie, condamné à travers le monde, a relancé les appels, particulièrement dans les pays occidentaux et au Vatican, pour un renforcement de la sécurité des chrétiens d’Orient, dont les Coptes d’Egypte constituent la plus importante communauté.
Les autorités égyptiennes de leur côté ont affirmé que cet attentat visait à porter atteinte à "l’unité nationale" égyptienne, chrétiens et musulmans confondus, et rejeté toute intervention extérieure à ce sujet.
M. Moubarak a prévenu dimanche "ceux qui, dans certains pays amis, appellent à la protection des Coptes d’Egypte, que le temps de la protection et de la tutelle étrangère est révolu et ne reviendra pas".
"Nous n’accepterons aucune pression ou ingérence dans les affaires intérieures de l’Egypte", a-t-il ajouté.
L’Egypte a rappelé pour consultations son ambassadeur au Vatican à la suite de propos du pape Benoît XVI sur la protection des chrétiens d’Orient. La grande institution sunnite d’Al-Azhar, qui siège au Caire, a de son côté suspendu son dialogue avec le Saint-Siège pour le même motif.
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