Tunisie : le palais présidentiel de Carthage pris d’assaut par l’armée
L’armée a repris le contrôle du palais présidentiel de Carthage qui était occupé depuis 48 heures par des membres de la milice favorable à l’ex-président Ben Ali. Les arrestations se comptent par centaines.
Scènes de guerre à Tunis. Dimanche soir, les hélicoptères survolaient encore à basse altitude la capitale, mais cette fois avec des projecteurs. En cause : les exactions de miliciens favorables au président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, que l’armée combat pied à pied. Le palais présidentiel de Carthage, où des centaines de miliciens de la sécurité présidentielle avaient établi leur quartier général depuis 48 heures, a été pris d’assaut par les militaires qui en ont pris le contrôle.
L’action de la Grande muette ces dernières heures s’est soldée par l’arrestation de quelque 1 700 miliciens, mais certains irréductibles ont continué de tirer sur l’armée et de martyriser la population comme à La Marsa, à Bizerte et à Sidi Bou Saïd. D’imposants cadres de l’ancien régime ont également été mis aux arrêts. Ainsi de Kays, un neveu de Zine el-Abidine Ben Ali et de la veuve et du père de Imed Trabelsi (autre neveu de Leïla Ben Ali, assassiné vendredi).
Leïla Ben Ali cristallise la haine
Par ailleurs, une enquête judiciaire a été ouverte contre Ali Seriati, ancien directeur général de la sécurité présidentielle (arrêté samedi) et ses adjoints, pour complot contre la sûreté intérieure de l’État ainsi qu’incitation à la violence, à l’émeute, à la prise d’armes et au pillage.
Beaucoup de Tunisiens se demandaient où était passé Abdelaziz Ben Dhia, un des principaux conseillers de l’ancien président. En fait, il serait décédé d’un infarctus en apprenant le départ de Ben Ali, le 14 janvier, qui a trouvé refuge à Djeddah, en Arabie saoudite. Mais c’est le personnage de Leïla Ben Ali qui attise toutes les haines. D’autant que la chaîne française LCI a pu confirmer une rumeur qui circulait ce matin. Selon celle-ci, l’ex-première dame aurait quitté le territoire avec plus d’une tonne d’or.
Les hommes politiques issus de ce qui est considéré comme l’ancienne opposition appellent désormais à une mobilisation et à un retour au calme pour pouvoir préparer les prochaines échéances électorales dans les meilleures conditions. Beaucoup souhaitent l’expression d’une réelle solidarité politique pour réussir le pari de la démocratie sans tomber dans le piège de l’extrémisme islamiste. Ces appels à l’unité trouvent un écho particulier, alors qu’on attend d’ici lundi la formation d’un gouvernement d’union nationale.
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