En Algérie, enfin un été sans sécheresse ?
Grâce aux importantes précipitations de ces dernières semaines, les barrages affichent des taux de remplissage records, ce qui laisse augurer d’un été sans pénurie d’eau.
Les pluies diluviennes de fin février et de début mars en Algérie ont éloigné le spectre de la sècheresse, au grand soulagement de la population, qui, après des mois de janvier et décembre très peu pluvieux, commençait à être gagnée par l’inquiétude.
« Les dernières pluies sont arrivées au bon moment. Elles sont d’autant plus importantes qu’elles ont permis à certaines régions, comme celle allant de Ténès (Chlef) jusqu’à Béjaïa et Jijel, de combler le déficit de janvier et décembre. Le niveau des précipitations était pratiquement deux fois supérieur à la moyenne inter-annuelle de février. Durant les journées des 27, 28 et 29 février, on a enregistré plus de 100 mm de précipitations », s’est réjoui Malek Abdesselam, docteur en hydrogéologie et directeur du Laboratoire des eaux de l’université de Tizi Ouzou.
« À ce jour, le taux de remplissage des barrages, notamment celui de Taksebt et ceux du centre du pays, est supérieur à celui enregistré l’année dernière à la même période », ajoute l’universitaire.
Pour sa part, le directeur central de maintenance, de contrôle et d’exploitation des barrages à l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), Ali Boutata, qui s’est exprimé lundi 4 mars au micro de la radio régionale de Sétif, indique que le taux de remplissage des barrages a atteint 40,85 % à l’échelle nationale après les récentes pluies et neiges, contre un taux de 34,9 % l’année dernière à la même période.
Le barrage de Beni Haroun rempli à 100 %
Mieux, une dizaine de barrages dans l’Est, dont celui de Beni Haroun, le plus grand du pays, sont remplis à 100 %. Et le barrage de Tichy-Haf, à Béjaïa, qui était presque à sec avec un taux de remplissage de 3 % à peine, a réussi à capter, avec les dernières précipitations, des quantités dépassant 40 millions de mètres cubes pour une capacité de 77 millions de mètres cubes, soit un taux de remplissage supérieur à 50 %. « Les quantités d’eau collectées ces derniers jours dans le barrage de Tichy-Haf n’ont pas été enregistrées depuis des années », s’est félicité M. Boutata.
« Un tel niveau de pluviométrie n’a pas été observé depuis au moins quinze ou vingt ans », renchérit Brahim Mouhouche, enseignant à l’École nationale supérieure agronomique et membre du Conseil national de la recherche scientifique et des technologies, sur les ondes de la Radio algérienne. En tout et pour tout, les 81 barrages que compte le pays affichent une réserve d’eau totale de 3,137 milliards de mètres cubes.
Peut-on donc espérer un été moins pénible pour les Algériens dont le quotidien est rythmé pendant la saison des grandes chaleurs par des pénuries d’eau de plusieurs jours ? Le wali de Tizi Ouzou, Djilali Doumi, s’est montré, samedi 2 mars, très optimiste : avec le taux de remplissage atteint (35 %) par le barrage de Taksebet, qui alimente cette province montagneuse et quatre autres wilayas du Centre, mais aussi celui affiché par le barrage de Koudiet Acerdoune, dans la wilaya de Bouira, « nous allons passer un été tranquille en matière de disponibilité de la ressource en eau ».
Malek Abdesselam prône la parcimonie
Un optimisme que partage l’hydrologue Malek Abdesselam. Lequel prône, toutefois, la prudence et la parcimonie dans l’utilisation de la ressource hydrique. « Il n’est pas sûr qu’il y aura des précipitations importantes au printemps. Il faudra penser dès maintenant à être économe dans l’exploitation de ces eaux de façon à garantir un été correct et arriver à la période de grandes chaleurs avec un taux appréciable à même de nous permettre de tenir jusqu’à octobre, voire novembre 2024 », veut-il croire. Et d’insister : « On doit être prudent dans l’exploitation et prolonger les restrictions en matière de distribution de l’eau. »
Reste qu’avec le changement climatique, l’Algérie, qui a basculé du statut de pays pratiquement semi-aride à celui de pays fortement aride, sera toujours confrontée au problème de la faiblesse des précipitations et du manque d’eau. Question : que faire pour empêcher les eaux de pluie de se déverser dans la mer ? Construire de nouveaux barrages ? L’idée ne séduit pas trop Malek Abdesselam. « Non. Ça prend du temps et c’est cher », dit-il et propose plutôt de « retarder l’écoulement des eaux de pluie dans les oueds en réalisant des digues seuils perméables afin de stocker l’eau et de favoriser son infiltration dans les nappes souterraines ».
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