La guerre à Gaza, « une honte pour la civilisation » : la Chine appelle à un cessez-le-feu immédiat
Pékin a répété son soutien à une « pleine » adhésion d’un État palestinien à l’ONU, alors que la guerre entre Israël et le Hamas entre dans son sixième mois. À Gaza, la famine menace plus de 2 millions d’habitants.
La Chine a appelé ce 7 mars à un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, qualifiant de « honte pour la civilisation » la guerre entre Israël et le Hamas qui entre dans son sixième mois malgré les efforts des médiateurs pour parvenir à une trêve.
« Le fait qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, cette catastrophe humanitaire ne puisse être arrêtée est une tragédie humaine, plus encore, c’est une honte pour la civilisation », a estimé le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lors d’une conférence de presse à Pékin.
Répétant le soutien de son pays à une « pleine » adhésion d’un État palestinien à l’ONU, Wang a de nouveau demandé un « cessez-le-feu immédiat » dans le territoire assiégé et cible de frappes israéliennes incessantes. Déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre, la guerre a provoqué une crise humanitaire dans la bande de Gaza, où 2,2 des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU.
L’espoir d’une trêve avant le ramadan
Réunis au Caire, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte espèrent arracher, sans succès jusqu’à présent, un accord sur une pause dans les combats avant le ramadan, qui commence le 10 mars.
Le ministère de la Santé du Hamas a affirmé le 7 mars que de nouvelles frappes y avaient fait 81 morts dans la nuit. Depuis le 3 mars dans la capitale égyptienne, une délégation du Hamas discute avec des représentants américains, égyptiens et qataris – mais sans présence israélienne – d’une possible trêve de six semaines.
Celle-ci serait associée à une libération d’otages enlevés le 7 octobre et toujours retenus à Gaza en échange de Palestiniens incarcérés par Israël, ainsi qu’à l’entrée d’une aide accrue dans le territoire palestinien. Principal allié d’Israël, les États-Unis font pression pour qu’un accord soit conclu avant le ramadan, estimant que la balle était dans le camp du Hamas, tout en réclamant des Israéliens qu’ils laissent entrer davantage d’aide.
Nouvelle réunion du conseil de sécurité de l’ONU
Avant tout accord, le Hamas réclame un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre. Israël rejette ces conditions et assure que l’offensive se poursuivra jusqu’à l’élimination du Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste comme le font aussi les États-Unis et l’Union européenne. Selon des médias, Israël demande au Hamas de lui fournir une liste précise des otages, mais le mouvement islamiste dit ignorer « qui est vivant ou mort » parmi eux.
« Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre », a déclaré le chef de l’ONU, António Guterres, le 6 mars, sur le réseau X (anciennement Twitter) après avoir reçu des familles de victimes palestiniennes.
L’offensive israélienne a fait 30 717 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Le Conseil de sécurité doit une nouvelle fois se réunir le 7 mars à huis clos pour discuter de la situation.
Les combats ont, selon l’ONU, contraint 1,7 million de Palestiniens à fuir leur foyer. La plupart ont fui vers la ville de Rafah, située dans l’extrême sud de la bande de Gaza contre la frontière fermée avec l’Égypte, où Israël projette une offensive terrestre.
Risque de famine généralisée
Soumise au contrôle d’Israël, l’aide internationale n’entre qu’au compte-gouttes sur le territoire palestinien, soulevant les craintes d’une famine généralisée, notamment dans le nord difficilement accessible à cause des destructions, combats et pillages.
À Londres, après une rencontre avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, le chef de la diplomatie britannique David Cameron a affirmé le 6 mars que la situation à Gaza « doit changer ». « En tant que puissance occupante, Israël a la responsabilité légale de veiller à ce que l’aide soit disponible pour les civils », a-t-il dit.
De son côté, l’Italie a annoncé le lancement en début de semaine d’une initiative, « Food for Gaza », dont l’objectif est de coordonner l’aide alimentaire avec les agences spécialisées de l’ONU et la Croix-Rouge. « Nous pouvons survivre sans nourriture pendant plusieurs heures, mais pas nos enfants », a confié le bénévole Bassam Al-hou lors d’une distribution de repas gratuits aux déplacés à Jabaliya (nord). « Ils meurent et s’évanouissent dans les rues à cause de la faim. Que pouvons-nous faire ? ».
Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 Palestiniens, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition et de déshydratation. « Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux », a déclaré le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qudra.
Face aux difficultés des approvisionnements terrestres, certains pays, dont les États-Unis, la Jordanie et la France, ont commencé à larguer de l’aide par voie aérienne sur le nord de la bande de Gaza, une solution jugée insuffisante et dangereuse par les organisations humanitaires. La piste d’approvisionnements maritimes est également explorée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit visiter le 8 mars le port de Larnaca à Chypre, le pays de l’UE géographiquement le plus proche de Gaza.
(avec AFP)
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