L’AES se dote d’une force anti-jihadiste
Ce 7 mars, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont franchi une étape supplémentaire dans leur rapprochement en annonçant la création d’une force militaire conjointe pour lutter contre les jihadistes qui les frappent depuis des années.
Cette annonce suit la création par ces pays dirigés par des régimes militaires d’une Alliance des États du Sahel (AES) et leur sortie de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), laquelle avait menacé d’intervenir militairement au Niger après le putsch ayant renversé le 26 juillet le président Mohammed Bazoum.
Réunis à Niamey, les chefs des armées des trois pays ont annoncé mercredi 6 mars la création d’une force conjointe »anti-jihadiste. Cette « force conjointe des pays de l’AES […] sera opérationnelle dans les plus brefs délais pour prendre en compte les défis sécuritaires dans notre espace », a indiqué le général Moussa Salaou Barmou, chef d’état-major nigérien des armées, dans un communiqué publié à l’issue de la réunion.
Objectif final : la création d’une fédération
Les contours et les effectifs de cette force n’ont pas été précisés. « Nous sommes convaincus qu’avec les efforts conjugués de nos trois pays, nous parviendrons à créer les conditions d’une sécurité partagée », a assuré le général Barmou. Il a souligné que les trois armées étaient parvenues « à élaborer un concept opérationnel » qui « permettra d’atteindre les objectifs en matière de défense et de sécurité » dans les trois pays.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont tourné le dos à Paris et se sont rapprochés économiquement et militairement de nouveaux partenaires, dont la Russie, avant de se regrouper au sein de l’AES avec pour objectif final la création d’une fédération. Fin janvier, ils ont également annoncé qu’ils quittaient la Cedeao sans être tenus par un délai d’un an comme le prévoient les textes de l’organisation.
Une Cedeao inféodée à la France
Leurs dirigeants, le colonel Assimi Goïta (Mali), le capitaine Ibrahim Traoré (Burkina) et le général Abdourahamane Tiani (Niger) ont accusé à plusieurs reprises la Cedeao d’être inféodée à la France. Ils lui ont également reproché de ne pas les avoir soutenus dans la lutte qu’ils mènent contre les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique qui les frappent régulièrement, provoquant des milliers de morts et des millions de déplacés.
Après avoir menacé d’intervenir militairement au Niger, la Cedeao a récemment tendu la main aux trois régimes, appelant début février à la « réconciliation ». Le 24 février, elle a levé les lourdes sanctions qu’elle avait imposées au Niger pour obtenir la libération du président renversé Mohamed Bazoum et son rétablissement dans ses fonctions. Bamako, Ouagadougou et Niamey ont fait savoir que leur retrait était « irréversible ».
Après la création de la force militaire conjointe, une prochaine étape pourrait être la sortie du franc CFA commun à une majorité de pays francophones d’Afrique de l’Ouest et la création d’une monnaie commune à l’AES. « La monnaie est une étape de sortie de [la] colonisation », avait déclaré le général Tiani début février. « La monnaie, c’est un signe de souveraineté », avait-il poursuivi et les États de l’AES sont « engagés dans un processus de recouvrement de [leur] souveraineté totale ». « Il n’est plus question que nos États soient la vache à lait de la France », avait-il conclu.
(Avec AFP)
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