Paul Biya, Ferdinand Ngoh Ngoh… Quand il porte plainte, Jean-Michel Nintcheu vise haut
Allié de l’opposant Maurice Kamto, le député camerounais Nintcheu a déposé deux plaintes au tribunal de grande instance de Yaoundé. L’une contre le chef de l’État, l’autre contre le secrétaire général de la présidence.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 7 mars 2024 Lecture : 2 minutes.
Des cadres du parti présidentiel camerounais qualifient une récente démarche du député Jean-Michel Nintcheu de « distraction » sur laquelle il convient de ne pas s’attarder. On pourrait tout autant reconnaître à l’opposant un certain sens du happening politique. L’allié politique de Maurice Kamto vient de déposer, au tribunal de grande instance de Yaoundé, une plainte contre Paul Biya pour « cumul de fonctions ».
Jean-Michel Nintcheu invoque la Constitution, qui interdit le cumul de plusieurs mandats électifs. Or, en plus d’être chef de l’État sept fois élu à la tête du Cameroun, Paul Biya est l’actuel président… élu du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), fondé en mars 1985.
Double mandat et double plainte
Au-delà de l’appréciation du caractère « électif » d’un poste qui ne relève ni de la fonction publique ni d’une entité entrepreneuriale qui pourrait laisser imaginer des conflits d’intérêt, la plainte entend « interpeller la conscience républicaine » des juges sur les dysfonctionnements « graves » de l’État camerounais « qui n’ont que trop duré ».
Quarante-et-un ans après l’accession au pouvoir de Paul Biya, Jean-Michel Nintcheu s’offusque que le président de tous les Camerounais puisse « en même temps présider aux destinées d’une organisation politique partisane ».
Pour faire d’une pierre deux coups, le député fondateur du Front pour le changement du Cameroun (FCC) a également déposé une plainte contre Ferdinand Ngoh Ngoh pour « usurpation de fonction ». S’il est vrai que l’actuel secrétaire général de la présidence de la République a été élevé au rang de ministre d’État, au sein du premier gouvernement Joseph Dion Ngute, avec délégation de signature du chef de l’État, Jean-Michel Nintcheu estime qu’il a pris un ascendant illégitime sur les membres du gouvernement. « Délégation de signature n’est pas délégation de pouvoir », selon ses proches.
Objectif 2025
Chacun fourbit donc les armes qu’il peut, dans la perspective de la présidentielle qui doit se tenir l’année prochaine. L’opposition se fissure déjà sur la désignation d’un éventuel candidat unique et Jean-Michel Nintcheu doit prendre la lumière, qu’il ait ou non l’intention de soutenir Maurice Kamto. Arrivé officiellement deuxième à la présidentielle de 2018, ce dernier ne semble pas en posture très favorable, après le boycott des législatives et des municipales par son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
Au scrutin phare de d’octobre 2025 sera indubitablement candidat un Biya. Devant Emmanuel Macron, il n’avait pas exclu de rester dans la course, à 92 ans et après 42 ans sur le trône. Et si l’actuel chef de l’État venait à renoncer ou à être empêché, son fils Franck pourrait reprendre le flambeau de celui qu’il considérait encore récemment comme « leader naturel du parti »…
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