La guerre des ambassadeurs

Le bras de fer se durcit entre Laurent Gbagbo et la communauté internationale après le renvoi des ambassadeurs du Canada et de Grande-Bretagne par son régime, une décision rejetée par ces deux pays. Les voisins ghanéen et sierra léonais ont en revanche clairement pris leurs distances avec l’éventualité d’une intervention militaire pour déloger le président sortant.

Le président proclamé ivoirien Laurent Gbagbo le 3 janvier 2011 à Abidjan. © AFP

Le président proclamé ivoirien Laurent Gbagbo le 3 janvier 2011 à Abidjan. © AFP

Publié le 8 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Le bras de fer se durcit entre Laurent Gbagbo et la communauté internationale après le renvoi des ambassadeurs du Canada et de Grande-Bretagne par son régime, une décision rejetée par ces deux pays, qui reconnaissent Alassane Ouattara comme seul président de Côte d’Ivoire.

Sitôt annoncée jeudi soir, Ottawa et Londres ont refusé une expulsion des deux diplomates.

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Le gouvernement d’Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, a rejeté aussi vendredi une mesure "nulle et de nul effet" du gouvernement "illégal" de Laurent Gbagbo.

Grande-Bretagne et Canada avaient retiré fin décembre les accréditations des ambassadeurs ivoiriens nommés par le président sortant et indiqué qu’ils reconnaîtraient les représentants désignés par son rival.

Sans effet immédiat

La mesure de renvoi semblait sans effet immédiat. A la chancellerie canadienne, on a indiqué que l’ambassadrice Marie-Isabelle Massip resterait en Côte d’Ivoire et que les affaires suivaient leur cours. L’ambassadeur britannique Nicholas James Westcott, basé à Accra, se trouvait au Ghana vendredi, selon une source diplomatique.

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M. Gbagbo a réclamé aussi ces dernières semaines le départ de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci, 9.500 soldats), qu’il accuse d’être alliée militairement à M. Ouattara. Mais les Nations unies, qui ne le reconnaissent pas non plus, ont rejeté cette requête et souhaitent même déployer 1.000 à 2.000 Casques bleus supplémentaires.

Un diplomate européen interrogé par l’AFP a estimé que la Chine, "intéressée" par l’Afrique, pourrait répondre favorablement à cette demande de renforts.

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La communauté internationale reconnaît M. Ouattara comme le vainqueur de la présidentielle du 28 novembre dont les résultats contestés ont plongé le pays dans une grave crise.

Depuis mi-décembre, des violences ont fait 210 morts selon l’ONU, un bilan qui comprend 14 tués lors de troubles interethniques cette semaine à Duékoué (ouest). Plus de 10.000 personnes ont été déplacées par ce conflit communautaire, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui comme les Nations unies n’établit pas de lien direct avec la crise politique.

John Atta-Mills prend ses distances

Après une nouvelle médiation africaine infructueuse, le président sortant reste sous la menace d’une opération militaire de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Mais le Ghana voisin, qui avait déjà annoncé qu’il n’enverrait pas de troupes, a dit son refus de la force. Le président John Atta-Mills a expliqué croire davantage "à la diplomatie qu’à une intervention militaire".

S’il a affirmé que les jours de M. Gbagbo à la présidence "sont comptés", le porte-parole du gouvernement sierra-léonais, Ibrahim Ben Kargbo, a plaidé pour "une transition douce", alors que son pays fait partie de la médiation africaine.

"Si vous voulez utiliser l’option militaire, vous prenez aussi en considération le fait que vous parlez d’une économie bien développée qui peut être saccagée par une intervention militaire", a-t-il dit.

Toujours confiné à son QG du Golf hôtel d’Abidjan, soumis à un blocus des forces fidèles au régime, Alassane Ouattara, qui dit préférer aussi une solution pacifique, estime pourtant qu’une "opération spéciale non violente" pourrait déloger Laurent Gbagbo si nécessaire.

La crise ivoirienne a été de nouveau au centre d’une réunion des ministres des Finances de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), à Bamako.

Les ministres de l’Uémoa avaient infligé un sérieux revers à M. Gbagbo en demandant fin décembre à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) d’autoriser les représentants de M. Ouattara à gérer les comptes du pays.

Le gouverneur de la banque, l’Ivoirien Philippe-Henri Dacoury-Tabley, qui devait s’exprimer pour la première fois devant des journalistes depuis le début de la crise, a finalement annulé sa conférence de presse.

"Nous avons décidé de surseoir à toute déclaration sur la Côte d’Ivoire, nous attendons les décisions des chefs de l’Etat" attendues lors d’une réunion le 22 janvier à Bamako, a indiqué une source proche de la BCEAO.

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