L’attentat d’Alexandrie suscite de vives tensions

L’Égypte semble priviliégier l’hypothèse d’une attaque terroriste étrangère, pour expliquer l’attentat contre une église copte survenu dans la nuit de vendredi. La tension est restée vive toute la journée de samedi, en marge des funérailles des victimes.

Obsèques le 1er janvier 2011 au monastère Marmina. © AFP

Obsèques le 1er janvier 2011 au monastère Marmina. © AFP

Publié le 2 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

L’Egypte a mis en cause samedi 1er janvier des "mains étrangères" dans l’attentat, "probablement" commis par un kamikaze, qui a fait 21 morts et 79 blessés devant une église d’Alexandrie (nord de l’Egypte), deux mois après des menaces d’Al-Qaïda contre la communauté copte égyptienne.

Le président Hosni Moubarak a condamné dans une allocution télévisée un "acte criminel odieux qui a visé la nation, Coptes et musulmans", et dénoncé, sans plus de précisions, "l’implication de mains étrangères" dans ce massacre.

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Au moins cinq mille personnes ont assisté samedi soir aux funérailles des victimes de l’église d’Alexandrie (nord de l’Egypte) où un attentat a fait 21 morts dans la nuit de vendredi à samedi.

Les funérailles ont eu lieu au monastère Marmina à King Mariout, une banlieue à une trentaine de kilomètres de la ville méditerranéenne. La foule scandait des slogans dont notamment : "O croix, nous nous sacrifions pour toi par notre âme et notre sang". La foule a refusé d’accepter les condoléances du président égyptien Hosni Moubarak. "Non, non, non", ont crié les fidèles coptes interrompant, à plusieurs reprises, le secrétaire du pape cope Chénouda III, l’évêque Youanes lorsqu’il a voulu transmettre les condoléances du chef d’Etat.

Vives tensions

La tension est restée vive samedi autour de l’église copte visée, dont la façade était maculée de sang.

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Sourds aux appels au calme, de jeunes manifestants chrétiens, répartis en petits groupes, ont lancé tout au long de la journée pierres et bouteilles sur les forces anti-émeutes, qui ont répondu par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc. "Le coeur des Coptes est en feu", "Le sang des Coptes n’est pas bon marché", criaient-ils.

Le patriarche de l’Eglise copte, Chenouda III, a demandé que les auteurs de l’attaque soient rapidement arrêtés et jugés, en qualifiant l’attentat d’acte "terroriste" et "lâche" "visant à déstabiliser le pays".

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L’attaque s’est produite peu après minuit, devant l’église des Saints (Al-Qiddissine) de la deuxième ville d’Egypte, alors que les fidèles commençaient à sortir du bâtiment après une messe de Nouvel An.

Activité terroriste

L’hypothèse d’une voiture piégée, initialement mentionnée par les autorités, a été écartée par le ministère de l’Intérieur, d’après qui le massacre a "probablement" été perpétré par un kamikaze. La bombe, de fabrication locale, contenait des bouts de métal "pour atteindre le plus grand nombre" de personnes, selon le ministère.

Les circonstances de l’explosion, "au vu des méthodes dominant actuellement les activités terroristes au niveau mondial et régional, indiquent clairement que des éléments extérieurs ont planifié et suivi la mise en oeuvre" de l’attentat, précise-t-il.

Cette formulation semble évoquer les méthodes employées par Al-Qaïda, en Irak notamment, sans toutefois le dire explicitement. Les Coptes d’Egypte se trouvent régulièrement pris dans des violences à caractère inter-confessionnel, qui n’avaient toutefois encore jamais pris la forme d’un attentat-suicide.

L’attaque, non revendiquée, survient deux mois après des menaces contre les Coptes proférées par une branche irakienne d’Al-Qaïda, qui les accuse de séquestrer des femmes de prêtres coptes orthodoxes qui se seraient converties à l’islam.

Ce groupe irakien avait revendiqué l’attentat du 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad où 46 civils (dont deux prêtres), sept membres des forces de sécurité et les cinq assaillants avaient péri.

Indignation de la communauté internationale

Ahmed al-Tayyeb, le grand imam d’Al-Azhar, la grande institution de l’islam sunnite basée au Caire, a dénoncé samedi un "acte atroce interdit par l’islam", tandis que les Frères musulmans ont condamné "un crime abject", évoquant des "complots" visant à diviser chrétiens et musulmans d’Egypte.

A Rome, le pape Benoît XVI a dénoncé les "tensions menaçantes du moment", en appelant les dirigeants du monde à défendre les chrétiens contre les abus et l’intolérance religieuse.

De nombreuses autres personnalités religieuses, ainsi que plusieurs capitales, dont Paris, Rome, Londres, Damas ou Téhéran, ont aussi vivement condamné l’attentat.

Les Coptes, la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient, représentent 6 à 10% des 80 millions d’Egyptiens, en grande majorité musulmans sunnites. Peu représentés au Parlement, ils s’estiment tenus à l’écart de nombreux postes de la justice, des universités ou encore de la police.

Le 6 janvier 2010, six Coptes avaient été tués par des hommes armés à la sortie d’une messe en Haute-Egypte, à la veille du Noël copte. Le verdict dans cette affaire est attendu le 16 janvier.

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