Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier accusés d’espionnage par les talibans

Les deux journalistes français détenus en Afghanistan seraient des espions selon les talibans. Ceux-ci ont par ailleurs accusé Paris de s’être montré « irresponsable » en refusant leurs exigences, pourtant « très simples », en échange de la libération des otages.

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, journalistes de France 3, retenus en otage en Afghanistan. © AFP

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, journalistes de France 3, retenus en otage en Afghanistan. © AFP

Publié le 1 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Les talibans ont accusé samedi 1er janvier le gouvernement français d’ignorer leurs exigences pour la libération des deux journalistes qu’ils détiennent depuis un an en Afghanistan et accusent désormais d’espionnage, suscitant des dénégations catégoriques de Paris.

"Nous avons présenté nos conditions et nos exigences il y a déjà un an au gouvernement français en échange de la libération des otages français", a déclaré Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans, joint par l’AFP de Kandahar (sud de l’Afghanistan).

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"Ce sont des exigences très simples et très faciles à remplir, mais malheureusement ils n’ont pas prêté beaucoup d’attention à nos conditions", a-t-il poursuivi, refusant de révéler ces revendications. Si les autorités françaises "avaient accepté nos conditions, ils (les otages) auraient déjà été libérés", a assuré ce porte-parole, qualifiant le gouvernement français d’"irresponsable".

Collecte de renseignements

Zabihullah Mujahid a également accusé, pour la première fois, les deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, d’être des espions, affirmant qu’ils avaient été capturés parce qu’ils "collectaient du renseignement" dans une zone contrôlée par les talibans.

"Les informations qu’ils collectaient n’étaient pas des informations dont un journaliste a besoin. Les informations qu’ils récoltaient étaient plus dans l’intérêt d’agences d’espionnage", a expliqué Zabihullah Mujahid.

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"Ils ont été "arrêtés" pour deux raisons : premièrement, ils ne nous ont pas contactés (…) et s’étaient rendus dans la zone sans notre permission. Deuxièmement, il étaient en train de récolter des informations qui tenaient du renseignement", a-t-il poursuivi.

Les proches des otages s’interrogent

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Ces dernières accusations ont suscité des démentis formels en France, tant de la part du gouvernement que du comité de soutien aux otages.

Le ministère français des Affaires étrangères a "catégoriquement" démenti "l’accusation d’espionnage absurde" portée par "un soi-disant porte-parole taliban", soulignant que les deux hommes avaient été enlevés "dans l’exercice de leur profession" alors qu’"ils effectuaient un reportage".

"Depuis un an, les discussions se poursuivent sans relâche pour permettre à nos compatriotes de retrouver leurs familles sains et saufs", affirme le Quai d’Orsay dans un communiqué.

De son côté, le comité de soutien aux deux journalistes a jugé "intolérables, totalement déplacées et infondées" les accusations d’espionnage, mais s’est toutefois demandé si la France "négociait vraiment avec les talibans" et s’il y avait "une réelle volonté politique ici en France".

Échange de prisonniers

Les deux journalistes français et leurs trois accompagnateurs afghans ont été enlevés le 30 décembre 2009 à une soixantaine de km à l’est de Kaboul, dans la province instable et montagneuse de la Kapisa.

Une partie des troupes françaises de la force de l’Otan (Isaf) est stationnée dans cette zone, une présence qui donne à leur enlèvement par un groupe taliban local une portée politique et complique les négociations.

Ces déclarations des talibans contrastent avec des déclarations optimistes des autorités françaises au sujet des otages, dont le passage du cap, jeudi, de la première année de captivité a été marquée en France par de nombreuses manifestations de soutien.

Dans une vidéo transmise en avril, les talibans avaient menacé de tuer les journalistes et leurs accompagnateurs si Paris n’obtenait pas, notamment de Kaboul et de Washington, la libération de prisonniers en échange de leur remise en liberté.

Le 21 décembre, la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait évoqué "des démarches entreprises notamment par le gouvernement afghan", espérant qu’elles permettraient la libération des otages "dans de très brefs délais".

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