Laurent Gbagbo a ignoré l’ultimatum d’Alassane Ouattara

Soutenu par la communauté internationale, Alassane Ouattara avait laissé à son rival Laurent Gbagbo jusqu’au 31 décembre, minuit, pour quitter le pouvoir. Mais en adressant ses voeux à la Nation sur la RTI, le président sortant a montré qu’il entendait ne pas fléchir.

Laurent Gabgbo et le président sierra-léonais Ernest Koroma le 28 décembre. © AFP

Laurent Gabgbo et le président sierra-léonais Ernest Koroma le 28 décembre. © AFP

Publié le 1 janvier 2011 Lecture : 3 minutes.

Laurent Gbagbo a promis vendredi 31 décembre de ne "pas céder" aux pressions de la communauté internationale et de son rival Alassane Ouattara, qui lui avait donné jusqu’à minuit (heure locale et GMT) pour quitter la présidence ivoirienne.

"Nous n’allons pas céder", a affirmé M. Gbagbo à quelques heures de la nouvelle année, dans des voeux retransmis par la télévision d’Etat RTI. Il a dénoncé "une tentative de coup d’Etat menée sous la bannière de la communauté internationale".

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Il a cependant de nouveau tendu la main à M. Ouattara, reconnu président par l’ONU et de très nombreux pays, notamment africains: "le temps de la guerre est passé, c’est maintenant le temps du dialogue".

M. Gbagbo a également annoncé la création d’une "commission chargée de faire le bilan des violences post-électorales". "Elle établira un rapport aussi détaillé que possible sur les violations des droits de l’Homme sur l’ensemble du territoire national avant, pendant et après le scrutin, a-t-il dit. Selon l’ONU, ces violences ont fait 179 morts depuis la mi-décembre, et visé principalement des pro-Ouattara, 53 depuis fin novembre selon le camp Gbagbo, dont 14 membres des forces de l’ordre qui lui sont fidèles.

Jurisprudence pour l’Afrique

Quelques heures plus tôt, Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara, avait annoncé que ce dernier avait donné à M. Gbagbo jusqu’à minuit pour qu’il se retire, lui offrant en échange la "garantie" de sa tranquillité.

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Mais M. Soro, chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui s’exprimait depuis le grand hôtel abidjanais transformé en QG du camp Ouattara, a écarté l’hypothèse d’un départ en douceur, se disant "convaincu que seule la force" pourrait chasser M. Gbagbo.

"Ou on réussit à faire admettre le verdict des urnes dans notre pays, donc l’instauration de la démocratie, ou alors on échoue à mettre (en place) la démocratie en Côte d’Ivoire et ça devient une jurisprudence pour toute l’Afrique", a-t-il averti.

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Retour de la médiation

Trois médiateurs de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), venus mardi à Abidjan, doivent y revenir lundi. La Sierra Leone a prévenu que la rencontre avec Gbagbo serait la "dernière".

Si le dialogue reste privilégié, les militaires de la Cédéao "se sont rencontrés mardi et mercredi pour mettre la machine en marche", a indiqué à Abuja le porte-parole de l’armée nigériane, le colonel Mohamed Yerimah, avant une nouvelle réunion mi-janvier au Mali.

La responsable des droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay, a annoncé avoir écrit dans des "termes fermes" à M. Gbagbo pour lui rappeler ses obligations de protéger les civils. Des experts onusiens ont averti que les exactions depuis la présidentielle du 28 novembre pourraient constituer des "crimes contre l’humanité".

Même si les étrangers n’ont pour l’heure pas été directement menacés, la France a recommandé de nouveau à ses ressortissants – autour de 12.000 actuellement – de quitter "provisoirement" le pays.

A l’orée de 2011, le risque de nouvel affrontement entre les deux camps était grand.

Rallumer la guerre civile

Le leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, Charles Blé Goudé, a appelé ses partisans à "libérer à mains nues", après le 1er janvier, le QG de Ouattara, protégé par 800 Casques bleus et des éléments FN.

"Une attaque contre le Golf hôtel risque de provoquer des violences à grande échelle qui pourraient rallumer la guerre civile" de 2002-2003, a alerté le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

Après plus d’un mois de crise, l’Union européenne et les Etats-Unis ont maintenu leur pression sur l’homme fort d’Abidjan.

L’UE a approuvé des sanctions contre 59 de ses proches, dont la quasi-totalité de son gouvernement. Une première série de sanctions européennes était déjà entrée en vigueur la semaine dernière, visant M. Gbagbo lui-même et 18 autres personnes.

Pour lui, "il est temps de partir. Nous espérons qu’il choisira une transition pacifique", ont insisté les Etats-Unis.

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