L’ex-président Moshé Katsav coupable de viols et de harcèlement sexuel

L’ancien président « protocolaire » israélien Moshé Katsav a été reconnu coupbale de viols, harcèlement sexuel et actes indécents contre trois de ses anciennes employées. Il encourt huit à seize années d’emprisonnement.

Moshé Katsav à la sortie du tribunal le 30 décembre 2010 à Tel Aviv. © AFP

Moshé Katsav à la sortie du tribunal le 30 décembre 2010 à Tel Aviv. © AFP

Publié le 30 décembre 2010 Lecture : 3 minutes.

L’ex-président israélien Moshé Katsav a été reconnu coupable jeudi 30 décembre de deux viols, au terme d’une procédure de plus de quatre ans durant laquelle il s’est posé en victime d’un "lynchage" public.

L’ex-chef de l’Etat, 65 ans, a été reconnu coupable par le tribunal de district de Tel-Aviv de deux viols sur une de ses subordonnées à l’époque où il était ministre du Tourisme dans les années 1990. Il a en outre été reconnu coupable de deux actes indécents, dont un avec usage de la force, et de harcèlement sexuel contre trois de ses employées au ministère du Tourisme puis à la présidence après son élection en 2000.

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M. Katsav a d’autre part été reconnu coupable d’entrave à la Justice. Il risque de huit à 16 ans de prison, la peine devant être prononcée en janvier. Inculpé le 19 mars 2009, il avait plaidé l’innocence. Des dizaines de témoins et les parties civiles ont été entendues depuis à huis clos.

Dénigrement des plaignantes

L’ex-président n’a désormais plus le droit de quitter Israël et a été contraint de remettre son passeport aux autorités. "Il continuera à plaider son innocence devant toutes les instances possibles", a déclaré son avocat Avigdor Feldman après l’énoncé du verdict. Il peut faire appel devant la Cour suprême, mais l’expert juridique de la radio publique israélienne, Moshé Negbi, a estimé que ses chances de succès devant l’instance juridique suprême "seraient nulles".

Vêtu d’un costume gris, l’ex-président a blêmi et murmuré "non, non" à la lecture des attendus du jugement par le président du tribunal, le juge George Kara.

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"L’accusé a brouillé les cartes et s’est prêté à une campagne de dénigrement des plaignantes. Si quelqu’un a utilisé le double langage, c’est lui, et ses arguments selon lesquels il avait un alibi se sont effrités" à propos des deux accusations de viols, a encore dit le juge.

"Avec le temps, de nouveaux éléments sont venus étayer ces accusations. Même si celles-ci ont été exprimées tardivement, cela ne prouve pas qu’elles ont été fabriquées. Nous faisons confiance à la plaignante (qui l’a accusé de viol), car son témoignage a été appuyé par des éléments de preuves, et elle a dit la vérité", a poursuivi M. Kara.

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"Quand celle-ci a refusé de répondre à ses avances, l’accusé a commencé à la harceler et à se venger. Son refus a été prouvé. Elle s’est débattue sur le sol, et l’accusé a eu recours à la force ainsi qu’à la violence" tant au ministère du Tourisme que dans un grand hôtel, a précisé le juge. "Les preuves infirment la version de l’accusé. Ses tentatives de nier les accusations (de viol) ont échoué. Son témoignage était truffé de mensonges", a-t-il insisté.

Carrière sans éclat

Les premières révélations de presse sur le comportement scandaleux de l’ex-président avaient été publiées en 2006, et le procès avait ensuite connu plusieurs rebondissements. Après des mois d’enquête, les avocats de M. Katsav avaient réussi à conclure un accord de compromis entériné par la Cour suprême, aux termes duquel il ne serait poursuivi que pour "harcèlement sexuel", "actes indécents" et "subornation de témoin", les accusations de viol ayant été abandonnées.

Mais, se disant victime d’ "un ignoble complot" et d’un "lynchage organisé", M. Katsav avait décidé de récuser ce compromis. "Sa décision d’annuler le compromis conclu avec le tribunal a été une grave erreur de sa part", a commenté le juge Kara.

Père de cinq enfants et juif pratiquant d’origine iranienne, Moshé Katsav avait démissionné de ses fonctions de président après avoir été suspendu dès janvier 2007 à sa demande. Il avait été le premier homme politique de droite à accéder aux fonctions surtout protocolaires de chef de l’Etat, point d’orgue de sa carrière sans éclat qui s’est achevée dans le scandale.

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