Présidentielle : l’opposition dénonce des « fraudes massives »
Les électeurs comoriens ont voté dimanche pour élire leur nouveau président et désigner les gouverneurs des trois îles de cet archipel de l’océan Indien, dans un double scrutin marquée par une « fraude massive » sur l’île d’Anjouan, selon l’opposition.
Les opérations de vote ont débuté vers 8H00 locales (5H00 GMT) dans les trois îles de l’Union, Grande Comore, Anjouan et Mohéli, où l’affluence a été variable d’une région à l’autre.
Dans la capitale Moroni, les électeurs semblaient s’être peu mobilisés jusqu’à la clôture des bureaux de vote aux alentours de 18H00 locales, alors que l’affluence a été plus grande en province, selon des témoins.
"Ce n’est pas un vote, mais une mascarade"
Dés la fin de matinée, l’opposition s’est inquiété d’incidents dans plusieurs localités d’Anjouan, avant de dénoncer dans l’après-midi une "fraude massive" orchestrée par le pouvoir sur cette île, avec bulletins volés, bourrages d’urnes et assesseurs de l’opposition chassés des bureaux.
"Ces troubles se sont déroulés dans les localités où le candidat du pouvoir était en mauvaise position, pour pouvoir faire ensuite annuler les résultats, (…) ce sont des actions ciblées", a affirmé Saïd Larifou, au nom de l’opposition.
"Ce n’est pas un vote, mais une mascarade", a dénoncé pour sa part le chef de l’opposition locale, Mohamed Djanfaari.
"En dehors (de la capitale de l’île) Mutsamudu, il n’y a pas un bureau de vote qui n’ait reçu la visite de militaires venus remplir les urnes", a-t-il accusé.
Quelque 384.358 électeurs étaient appelés à départager les trois premiers candidats arrivés en tête lors du premier tour le 7 novembre, avec comme favori le vice-président et dauphin désigné du chef de l’Etat sortant Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, Ikililou Dhoinine, qui avait rassemblé 28,19% des suffrages.
En vertu d’un système de présidence tournante instauré par la Constitution de 2001 entre Mohéli, Grande Comore et Anjouan, ces trois candidats sont issus de la petite Mohéli, qui verra pour la première fois l’un de ses ressortissants prendre la tête de l’Union des Comores depuis son indépendance en 1975.
Un des principaux enjeux de l’élection est de parachever le processus de réconciliation nationale engagé depuis 2001, sous l’égide de l’Union africaine (UA), à la suite de la crise séparatiste de l’île d’Anjouan en août 1997.
Le scrutin doit aussi mettre un terme à une crise politique née de la prolongation controversée du mandat du président Sambi au-delà du 26 mai dernier, une mesure vivement contestée par l’opposition et la population de Mohéli.
Comme lors du premier tour, la présidentielle de ce dimanche était couplée avec l’élection des gouverneurs des îles, avec à chaque fois un candidat du pouvoir et un candidat de l’opposition en lice, à l’exception d’Anjouan, d’où est originaire le président Sambi, et où les deux prétendants appartiennent au camp présidentiel.
La désignation de ces gouverneurs, élus comme le chef de l’Etat pour cinq ans, est un enjeu politique majeur à l’échelle de chaque île.
Le vote du 7 novembre avait été marqué par des difficultés logistiques, et "quelques manquements", selon une mission internationale d’observation électorale, alors que des candidats d’opposition avaient déjà dénoncé des "fraudes".
La Ceni avait pris des mesures pour prévenir de nouveaux problèmes, mais certains de ses responsables reconnaissaient en coulisses être préoccupés par la situation sur Anjouan.
Comme lors du premier tour, une mission internationale d’observateurs de l’Union Africaine (UA), de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), et de la Ligue arabe, a été déployée pour assister au vote.
La commission électorale n’a par ailleurs donné aucune indication sur les horaires ou la date de publication des premiers résultats provisoires et le taux de participation.
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