Pour l’AES, l’union fait la force (conjointe)
Les responsables militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso viennent d’annoncer la création d’une « force conjointe » pour lutter contre les groupes terroristes.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 9 mars 2024 Lecture : 2 minutes.
Si des observateurs s’étonnent que des régimes autoproclamés « transitoires » et essentiellement légitimés par l’insécurité terroriste s’occupent de la régulation des médias ou du secteur minier, c’est évidemment sur le terrain militaire qu’on attendait les trois juntes regroupées dans la fraîche émoulue Alliance des États du Sahel (AES).
En vue d’éradiquer un fléau jihadiste aussi vaporeux que transfrontalier, de nombreux acteurs ont tenté depuis une décennie de mettre sur pied une force conjointe. Il aura cependant fallu élaguer et harmoniser la liste des partenaires du Sahel – qui se réduit cette fois au Burkina Faso, au Mali et au Niger –, avant d’arriver à la nouvelle mouture dont l’esquisse a été présentée ce mercredi 6 mars.
Réunis à Niamey, les chefs des armées des trois pays ont annoncé la création d’une « force conjointe » pour combattre les groupes jihadistes. Le résultat d’une fraternité d’armes induite par la création de l’AES en septembre 2023 et qui aura donc permis de décomplexer les nationalistes de ces trois pays enclavés qui rejetèrent pourtant – chacun au rythme des basculements de régime politique – la présence de militaires étrangers sur leurs territoires respectifs.
Des contours à préciser
Maliens et Burkinabè avaient déjà mis de l’eau dans leur vodka, acceptant des « instructeurs » étrangers sur leur sol et acceptant l’idée d’un « droit de poursuite », notamment dans la zone des trois frontières. Les trois pays démissionnaires de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ont ensuite peu à peu accordé leurs kalashnikovs au même diapason, tournant le dos à Paris et répondant, chacun à sa manière, aux œillades de Moscou.
Volonté de galvaniser ou nécessité du secret défense ? Ni les modalités administratives et logistiques de la mise en place de cette mutualisation sécuritaire, ni le niveau des financements, ni les effectifs dont la force conjointe devrait bénéficier n’ont pour l’instant été précisés. Dans un communiqué conçu avec ses homologues malien et burkinabè, le chef d’état-major nigérien des armées assure qu’elle « sera opérationnelle dans les plus brefs délais ».
Et le général Moussa Salaou Barmou se dit « convaincu qu’avec les efforts conjugués » des trois pays, « les conditions d’une sécurité partagée » seront créées.
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