Des dizaines de morts à Gaza dans des raids israéliens à la veille du ramadan
L’armée israélienne a de nouveau bombardé Gaza dimanche 10 mars, faisant des dizaines de morts en pleine mobilisation internationale pour envoyer de l’aide à la population civile assiégée et menacée de famine.
Dans le cadre d’un corridor maritime humanitaire annoncé par l’Union européenne, un premier navire chargé d’aide est prêt à quitter Chypre pour le territoire palestinien dévasté par plus de cinq moins de guerre entre Israël et le Hamas.
Avant le ramadan, le mois de jeûne musulman sacré qui commence lundi ou mardi, aucune indication ne permet d’espérer un accord de trêve dans ce conflit qui a fait selon le Hamas 31 045 morts, en majorité des civils, dans l’offensive militaire d’envergure menée par Israël à Gaza.
« Ils disent chaque jour qu’il y aura une trêve au premier jour du ramadan. Mais comme vous le voyez, il y a encore eu des frappes ce matin, a déclaré à l’AFP Moumen Ahmad à Rafah (Sud) en disant qu’un bombardement avait touché une voiture et fait des victimes dans la ville. Assez de cette guerre ! »
Désastre humanitaire
Selon les autorités du Hamas, au moins 85 Palestiniens ont péri ces dernières 24 heures dans plus de 60 frappes nocturnes qui ont aussi touché des habitations dans le centre et le sud de Gaza, surtout à Khan Younès. Au moins 13 personnes ont péri dans la chute d’obus sur des tentes de déplacés dans la région d’Al-Mawasi, entre Khan Younès et Rafah, a précisé le ministère de la Santé.
L’armée israélienne, dont les soldats opèrent dans de vastes secteurs du territoire palestinien, a fait état d’une trentaine de combattants palestiniens tués ces dernières 24 heures dans le centre de Gaza et à Khan Younès.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés de Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël qui a fait au moins 1 160 morts, la plupart des civils. Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et 130 sont encore retenues à Gaza, dont 31 seraient mortes d’après Israël. En riposte, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les États-Unis et l’Union européenne.
Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, la guerre a provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où selon l’ONU 2,2 des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine et 1,7 million ont été déplacés. D’après le ministère de la Santé du Hamas, 25 personnes, la plupart des enfants, sont mortes de malnutrition et de déshydratation.
« Famine généralisée presque inévitable »
Israël assiège Gaza depuis le 9 octobre et ne laisse entrer l’aide par voie terrestre qu’au compte-gouttes depuis l’Égypte qui maintient sa frontière fermée. Occupé par Israël de 1967 à 2005, le territoire palestinien était déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007.
Vendredi, l’UE et les États-Unis ont annoncé préparer un corridor humanitaire maritime depuis Chypre, située à quelque 370 km de Gaza.La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a espéré le départ d’un premier bateau dimanche, chargé par deux ONG de 200 tonnes de nourriture.
Laura Lanuza, la porte-parole de l’ONG espagnole Open Arms, partenaire dans ce projet de l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK), a précisé samedi que les autorités israéliennes avaient inspecté la cargaison. WCK « a déjà des gens à Gaza » et « construit une jetée » pour pouvoir décharger la cargaison, selon elle. Reste à savoir comment cette aide serait acheminée à travers le territoire quotidiennement bombardé par Israël et en proie aux combats.
Un navire militaire américain de soutien logistique a par ailleurs quitté les États-Unis avec le matériel nécessaire à la construction d’une jetée temporaire à Gaza, annoncée par le président Joe Biden, pour décharger l’aide. Sa construction pourrait prendre jusqu’à 60 jours.
Néanmoins l’ONU, qui met en garde contre une « famine généralisée presque inévitable » à Gaza, affirme que les parachutages et l’envoi d’aide par mer ne peuvent se substituer à la voie terrestre. Cette aide passe principalement par Rafah, près de la frontière égyptienne. Là sont massées selon l’ONU près de 1,5 million de personnes, en grande majorité des déplacés qui font quotidiennement la queue à des points de distribution de nourriture et d’eau. Et qui craignent une offensive israélienne terrestre annoncée.
« Accélération des efforts diplomatiques »
Samedi, Joe Biden a critiqué le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui est déterminé à poursuivre la guerre pour en finir avec le Hamas et à entrer à Rafah. « Il fait plus de mal que de bien à Israël. Il a le droit de défendre Israël, le droit de continuer à attaquer le Hamas. Mais il faut, il faut, il faut qu’il fasse plus attention aux vies innocentes perdues », a dit le président américain.
Benyamin Netanyahou est aussi critiqué dans son pays, où une partie de l’opinion publique veut un accord de trêve qui permettrait la libération des otages, alors qu’Israël et le Hamas s’accusent d’entraver un tel accord.
Selon une source proche des négociations impliquant les médiateurs – États-Unis, Égypte, Qatar –, « il y aura une accélération des efforts diplomatiques dans les dix prochains jours » en vue de tenter d’obtenir un accord durant la première moitié du mois du ramadan.
(Avec AFP)
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