À Gaza, le début du ramadan et une offensive israélienne sans fin

Les négociations pour une trêve restent bloquées en raison de désaccords persistants entre le Hamas et Israël, notamment concernant le sort des otages et le retrait des troupes israéliennes du territoire palestinien enclavé.

Des Palestiniens pleurent la mort de l’un des membres de leur famille après une frappe israélienne, dans un camp de réfugiés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 mars 2024. © AFP.

Des Palestiniens pleurent la mort de l’un des membres de leur famille après une frappe israélienne, dans un camp de réfugiés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 10 mars 2024. © AFP.

Publié le 11 mars 2024 Lecture : 4 minutes.

La bande de Gaza, en proie à une grave crise humanitaire, reste sous le feu de l’offensive israélienne contre le Hamas, sans perspective de trêve au commencement, ce 11 mars, du mois de jeûne musulman du ramadan. La population du territoire, frappée par la famine, attend désespérément des vivres.

Un navire chargé de 200 tonnes de nourriture, affrété par l’ONG espagnole Open Arms, devait quitter Chypre le 10 mars pour le territoire palestinien, mais son départ n’a pas été confirmé. Des habitants se sont rendus sur la plage dans le sud de la ville de Gaza dans l’espoir de le voir arriver. « J’attends depuis ce matin », car le 11 mars « commence le mois sacré du ramadan et la situation est tragique », a indiqué l’un d’entre eux, Mohammed Harrara.

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La Jordanie, les États-Unis, la France, la Belgique et l’Égypte ont participé à de nouveaux parachutages d’aide humanitaire sur Gaza cette même journée. Mais l’ONU, qui met en garde contre une « famine généralisée presque inévitable » à Gaza, affirme que les parachutages et l’envoi d’aide par mer ne peuvent se substituer à la voie terrestre.

Toujours pas de nouvel accord de trêve

En dépit de nouvelles discussions au début de mars au Caire, les pays médiateurs – États-Unis, Qatar et Égypte – ne sont pas parvenus à arracher un accord sur une trêve avant le début du ramadan. Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a assuré le 10 mars que le mouvement islamiste restait « ouvert aux négociations ».

Une source proche des négociations a toutefois déclaré le même jour « qu’il y aurait une accélération des efforts diplomatiques dans les dix prochains jours » afin de tenter d’obtenir un accord durant la première moitié du ramadan.

Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes avant tout accord sur une libération des otages encore retenus à Gaza. Israël exige que le Hamas fournisse une liste précise des otages encore vivants, mais le mouvement palestinien a dit ignorer qui était « vivant ou mort » parmi eux.

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Pour Biden, la « souffrance du peuple palestinien » au premier plan

Les États-Unis craignent que la situation ne devienne « très dangereuse » en particulier à Jérusalem-Est, où se trouve l’esplanade des Mosquées, troisième lieu le plus saint de l’islam, si les combats continuaient pendant le ramadan. À Washington, le président Joe Biden, qui fait l’objet de critiques croissantes aux États-Unis pour son soutien à Israël, face au nombre de morts croissant parmi les civils à Gaza, a transmis un message de solidarité pour le début du ramadan.

« Cette année, cela arrive à un moment d’immense douleur », a déclaré le président américain. « Alors que les musulmans se rassembleront dans le monde entier au cours des jours et des semaines à venir pour rompre leur jeûne, la souffrance du peuple palestinien sera au premier plan pour beaucoup. Elle l’est pour moi », a-t-il ajouté.

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En tant que gardien de deux des lieux saints de l’islam, le roi Salmane d’Arabie saoudite a exhorté la communauté internationale à agir. « Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour mettre fin à ces crimes odieux et garantir la mise en place de couloirs humanitaires et d’aide sûrs », a-t-il déclaré dans son message publié à l’occasion du début du ramadan.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a défendu le 10 mars la poursuite de l’offensive à Gaza, malgré les critiques de plus en plus franches de son allié américain. La veille, Joe Biden avait en effet affirmé sur MSNBC que Netanyahou faisait « plus de mal que de bien à Israël ». Le président Biden « a tort », a rétorqué le chef du gouvernement israélien, dans une interview au journal Politico. Il a affirmé mener une politique « soutenue par une majorité écrasante d’Israéliens » et que ses compatriotes appuient aussi son rejet catégorique d’un Etat palestinien.

Plus de 31 000 morts à Gaza

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a de son côté envoyé « un message spécial de solidarité et de soutien à tous ceux qui souffrent des horreurs à Gaza ». « En ces temps difficiles, l’esprit du ramadan est une lueur d’espoir, un rappel de notre humanité commune », a-t-il déclaré dans une vidéo sur le réseau social X (anciennement Twitter).

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a fait au moins 1 160 morts, la plupart des civils, selon un décompte établi à partir de sources officielles israéliennes. En représailles, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Son armée a lancé une offensive qui a fait 31 045 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Les autorités du Hamas ont dénombré le 10 mars 85 morts en 24 heures dans plus de 60 frappes qui ont touché le centre et le sud de Gaza, notamment la ville de Khan Younès.

(Avec AFP)

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