Domination sans partage de l’Assemblée par le parti de Moubarak

Le parti du président égyptien Hosni Moubarak va contrôler près de 83 % de l’Assemblée après des législatives marquées par des accusations de fraude, renforçant sa domination sur une chambre où les islamistes sont désormais absents et l’opposition laïque reste marginale.

Le président égyptien Hosni Moubarak à Syrte le 10 octobre 2010. © AFP

Le président égyptien Hosni Moubarak à Syrte le 10 octobre 2010. © AFP

Publié le 7 décembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Le Parti national démocrate (PND) a remporté 420 sièges sur 508 en lice lors de ce scrutin dont le second tour s’est tenu dimanche, a indiqué lundi soir le ministère de l’Information.

Quatorze sièges sont allés à l’opposition et 70 à des indépendants. Quatre sièges ont par ailleurs été invalidés.

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Le PND s’était retrouvé en position d’hégémonie après le boycottage du second tour par les principales formations de l’opposition islamiste et laïque. Il avait remporté 209 sièges au premier tour et 211 au second.

Le parti au pouvoir détenait près de 70% des sièges dans la chambre sortante.

Parmi les députés d’opposition on compte six candidats du parti libéral Wafd, élus malgré le boycott du scrutin par leur formation.

Les Frères musulmans absents de la vie parlementaire

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Le Wafd, premier parti de l’opposition laïque, et les Frères musulmans, principale force d’opposition en Egypte qui n’a remporté aucun siège au premier tour, avaient annoncé qu’ils se retiraient de la course en dénonçant une première phase marquée par des fraudes et des violences, ce qu’a démenti le gouvernement.

Les Frères musulmans, qui avaient enregistré un succès historique en 2005 en raflant un cinquième des sièges, seront désormais absents de la vie parlementaire.

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L’Assemblée du peuple, la plus importante des deux chambres du Parlement, compte 508 députés élus, plus dix qui seront nommés prochainement par M. Moubarak.

Ces législatives se tenaient dans un climat d’incertitude politique avant la présidentielle prévue dans un an, à laquelle le raïs, 82 ans dont 29 au pouvoir, n’a pas encore fait savoir officiellement s’il se présenterait.

Les deux tours ont été marqués par des accusations de fraude massive.

La Coalition indépendante pour l’observation des élections, qui fédère des associations issues de la société civile égyptienne, a estimé lundi que "la légitimité de l’Assemblée était fortement en question", affirmant que les deux tours ont été marqués par "des irrégularités à grande échelle qui ramènent l’Egypte au moins 15 ans en arrière".

Critiques internationales

Après les Etats-Unis, l’Union européenne a à son tour critiqué lundi les conditions dans lesquelles s’est déroulée cette consultation électorale par la voix de la chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton.

Mme Ashton a exprimé son "inquiétude" devant "les irrégularités, l’accès limité accordé aux observateurs indépendants et aux représentants des candidats dans les bureaux de vote, les restrictions frappant la presse aussi bien que les arrestations de militants de l’opposition, dont il a été fait état".

Le gouvernement pour sa part ne reconnaît que des irrégularités limitées, sans conséquence selon lui pour la validité du vote.

Le Premier ministre Ahmad Nazif a assuré lundi qu’il n’y avait eu "aucune interférence" de la part de la police et des autorités dans le processus électoral.

Même si la large victoire du PND ne faisait pas de doute, une partie de la presse et des commentateurs s’interrogeait avant même la publication des résultats sur les risques d’un retour à un régime de "parti unique" de fait.

"Le PND est passé de la domination au monopole", estimait lundi l’éditorialiste du journal indépendant al-Chourouq Salama Ahmad Salama.

Pour Amr Hamzawi, du centre d’études américain Carnegie, "l’image de ces élections renvoie à la période d’avant 1970", quand l’Egypte du président Nasser vivait officiellement sous un régime de parti unique.

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