Législatives : vers une victoire totale du parti de Moubarak

Les Égyptiens votaient dimanche pour le second tour d’élections législatives à l’issue desquelles le parti au pouvoir est assuré de régner sans partage sur l’Assemblée à un an de la présidentielle, face à une opposition qui boycotte le scrutin en dénonçant des fraudes.

Affiches de campagne déployées le 5 décembre 2010 dans un quartier du Caire. © AFP

Affiches de campagne déployées le 5 décembre 2010 dans un quartier du Caire. © AFP

Publié le 5 décembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Les Frères musulmans, principale force d’opposition du pays, et le parti libéral Wafd, premier parti de l’opposition laïque, se sont retirés de la course en dénonçant un premier tour marqué par des bourrages d’urnes, des achats de votes et des violences, ce que dément le pouvoir.

Le Parti national démocrate (PND) du président Hosni Moubarak se retrouve de fait seul face à de petites formations et des indépendants pour 283 sièges non pourvus sur 508 en lice.

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Les candidats du PND ont déjà raflé 209 sièges, soit près de 95 % des sièges pourvus au premier tour, alors que les Frères musulmans, qui détenaient un cinquième de l’Assemblée sortante, n’en ont remporté aucun. Le Wafd avait obtenu deux sièges, mais ne pouvait espérer plus d’une poignée d’élus sur l’ensemble du vote.

Très faible participation

Les résultats sont attendus d’ici à mercredi, ont indiqué les autorités.

Lors du premier tour la participation avait officiellement été de 35 %, mais de 15 % seulement selon des observateurs égyptiens indépendants.

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« Les gens du PND sont des dictateurs, mais le changement est possible car beaucoup de gens soutiennent le candidat indépendant », affirme Mohamed Magdi, 27 ans, qui vote dans le district populaire de Matariya, au nord du Caire.

Ahmed Ali, 30, qui vit dans le même quartier, assure que « tout le monde aime le PND ici », mais relève qu’avec un indépendant en lice « il y a de la concurrence ».

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L’opposition et le parti au pouvoir se sont livrés une vive bataille verbale pour la responsabilité d’une situation qui donne à l’élection, même si la victoire du PND ne faisait dès le départ aucun doute, une allure de régime à parti unique.

Les Frères musulmans, officiellement interdits mais tolérés dans les faits, ont dénoncé un « trucage » massif du scrutin, accompagné de centaines d’arrestations dans leurs rangs.

Certains membres du Wafd, parti légal jusqu’à présent jugé plutôt bienveillant envers le pouvoir, ont fait état de « pressions terribles » pour les empêcher de boycotter les urnes.

De nombreuses irrégularités au profit du PND ont été rapportées lors du premier tour par des observateurs égyptiens indépendants ainsi que dans la presse. Washington a aussi exprimé son inquiétude.

Le PND a fustigé les « perdants » du premier tour, accusés d’avoir été victimes de leur propre « faiblesse » et non d’irrégularités dont le régime assure qu’elles n’ont porté que sur 1 % environ des votes.

Incertitude sur la succession de Moubarak

Cité par le quotidien gouvernemental Al-Ahram, le Premier ministre Ahmad Nazif a toutefois affirmé qu’il aurait préféré que certains – allusion au Wafd – ne se retirent pas du second tour « afin que nous représentions tous notre peuple et notre pays ».

Ce scrutin législatif se tient à un an d’une élection présidentielle, dans un climat d’incertitude sur la succession possible de M. Moubarak, 82 ans dont 29 au pouvoir, opéré de la vésicule biliaire et d’un polype du duodénum en mars.

Le raïs n’a toujours pas fait savoir s’il se présenterait mais son entourage assure qu’il pourrait effectuer un nouveau mandat. Son fils Gamal a affirmé qu’il n’avait pas d’ambition personnelle, mais son nom reste dans tous les esprits pour succéder à son père.

Le centre de recherche américain Carnegie a jugé que l’hégémonie parlementaire du PND va encore renforcer la toute puissance de l’exécutif et ne fera « qu’aggraver les problèmes actuels de la politique égyptienne ».

Pour Amr Chobaki, du centre Al-Ahram d’études politiques, « ce qui se passe affaiblit le régime et ne le renforce pas », car cela pousse l’opposition « en dehors du cadre légal ».

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