À Gaza, un début de ramadan sous le signe de la guerre
Les Gazaouis se sont rassemblés le 11 mars pour la première rupture quotidienne du jeûne en ce début de ramadan marqué par la menace d’une famine et les raids aériens.
La population de Gaza a vécu sa première journée de ramadan dans un territoire bombardé par l’armée israélienne et touché par la famine sans aucune trêve en vue après cinq mois d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas palestinien.
« La population affamée de Gaza ne peut plus attendre »
Alors qu’une grande partie du monde musulman entre dans ce mois sacré du jeûne, de nombreux habitants du territoire palestinien ont été réveillés par des frappes israéliennes sur Gaza-Ville dans le nord et Khan Younès et Rafah dans le sud, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant lundi 67 morts en 24 heures.
« Le temps presse. La population affamée de Gaza ne peut plus attendre », a alerté Cindy McCain, la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM). Le patron de l’ONU António Guterres s’est dit « atterré que le conflit se poursuive à Gaza pendant le mois sacré » du ramadan, en appelant à la libération des otages.
Un navire de l’ONG espagnole Open Arms chargé de 200 tonnes de vivres attend de quitter Chypre dans le cadre d’un couloir maritime que l’Union européenne et des pays comme les États-Unis et les Émirats arabes unis veulent mettre en place. « Le programme se déroule comme prévu, le bateau va bientôt partir » du port de Larnaca, à environ 370 kilomètres des côtes de Gaza, a indiqué le gouvernement chypriote le 11 mars.
World Central Kitchen, qui co-organise l’opération, « n’a jamais annoncé de date pour le départ. Donc nous sommes dans les temps. Nous annoncerons le départ quand ça arrivera », a assuré sur X le célèbre chef hispano-américain José Andrés, fondateur de l’ONG. Un navire militaire américain a parallèlement quitté le 9 mars les États-Unis avec le matériel nécessaire à la construction d’une jetée pour débarquer les cargaisons d’aide, qui pourrait prendre jusqu’à 60 jours.
Mais l’ONU, qui redoute une famine généralisée dans le territoire de 2,4 millions d’habitants, assiégé par Israël depuis le 9 octobre, affirme que l’envoi d’aide par mer et les parachutages par plusieurs pays, devenus quotidiens ces derniers jours, ne peuvent se substituer à la voie terrestre. L’aide internationale, contrôlée par Israël, n’entre qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza dévastée, où les besoins sont immenses. Elle arrive principalement depuis l’Egypte par Rafah, une ville collée contre la frontière égyptienne fermée, où sont massés, selon l’ONU, près de 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés.
« Nous les aurons tous »
Le 11 mars, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réaffirmé son intention de vaincre le Hamas malgré les mises en gardes internationales contre une offensive terrestre annoncée sur Rafah. « Nous sommes sur la voie d’une victoire totale », a-t-il assuré dans un message vidéo, affirmant que l’armée avait « déjà éliminé le numéro 4 du Hamas », sans préciser son identité. « Nous les aurons tous », a-t-il lancé en parlant des autres chefs du mouvement palestinien. L’armée a annoncé une frappe aérienne dans la nuit du 9 au 10 mars contre le numéro 2 de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, dans le centre de la bande de Gaza sans pouvoir dire s’il avait été tué.
Malgré des nouvelles discussions début mars au Caire, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, les trois pays médiateurs, ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve accompagnée d’une libération d’otages. Le Hamas réclame un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes avant tout accord. Ce qu’Israël refuse. Selon les médias, Israël veut une liste précise des otages encore vivants mais le Hamas a dit ignorer qui était « vivant ou mort » parmi eux.
Le climat extrêmement tendu généré par la guerre à Gaza fait redouter des violences à Jérusalem-Est, secteur occupé par Israël où se trouve l’esplanade des Mosquées. Des dizaines de milliers de fidèles se rendent chaque année pendant le ramadan dans ce troisième lieu saint de l’islam. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a assuré qu’Israël respecterait la liberté de culte à la mosquée al-Aqsa mais averti que son pays était « prêt » à répondre à tout débordement. « Nous disons à tous : ne nous cherchez pas. Nous sommes prêts, ne commettez pas d’erreur. »
(Avec AFP)
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