Des législatives sous haute tension
Les Égyptiens se mobilisent peu pour les élections législatives, qui devraient sans surprise voir sortir vainqueur le parti au pouvoir. Celui-ci tente de réduire à néant les candidats islamistes. La campagne s’est déroulée dnas un climat de vive tension.
Les Egyptiens votent dimanche 28 novembre pour le premier tour des élections législatives dans un climat tendu entre le parti au pouvoir, dont la victoire ne fait de doute pour personne, et les islamistes, officiellement interdits mais présents dans de nombreuses circonscriptions.
Les électeurs, traditionnellement peu motivés par des scrutins jugés joués d’avance et souvent marqués par des violences, étaient peu nombreux à se rendre aux urnes en début de matinée au Caire et à Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, ont constaté des journalistes de l’AFP.
A Suez (nord-est), des centaines de délégués de candidats soutenus par les Frères musulmans et d’autres opposants se sont rassemblés devant le siège de la police, affirmant que l’accès aux bureaux de vote leur était refusé.
"Honoré" ou "humilié"
Quelque 40 millions d’électeurs, sur 82 millions d’Egyptiens, sont appelés à renouveler l’Assemblée du peuple qui compte 518 sièges – 508 ouverts au vote et dix attribués par le président Hosni Moubarak. Le second tour est prévu le 5 décembre.
A Alexandrie, Omar Mahmoud, un marchand ambulant, affirme "ne pas voir l’intérêt de voter, car les députés pratiquent le chacun pour soi". "Admettons que je vote, qu’est-ce que cela changerait ?", s’interroge-t-il.
Montrant son index couvert d’encre, Assem Nourredine, employé dans une entreprise privée de la ville et partisan du PND, estime en revanche que "voter, c’est important".
Dans le quartier populaire de Choubra, au Caire, Rasmiya Abdel Hadi, 50 ans, assure qu’elle votera pour le candidat islamiste, un médecin, "parce qu’il représente nos intérêts" et qu’il "soigne les gens gratuitement".
"De toute façon, je voterais pour n’importe quel candidat qui ne soit pas du PND", assure de son côté Moustafa, un chauffeur de taxi du Caire.
Le journal gouvernemental al-Ahram a appelé les électeurs à "choisir le plus grand Parlement de l’histoire de l’Egypte". Le quotidien indépendant al-Masri al-Youm estime quant à lui que le pays sortira soit "honoré" soit "humilié" de ces élections, en fonction des conditions dans lesquelles se déroulera le vote.
El-Arabi, le journal du parti nassérien (opposition de gauche), parle de son côté des "pires élections dans l’histoire de l’Egypte".
Le fils d’un candidat poignardé
La police a renforcé la sécurité aux abords de bureaux de vote, après une campagne électorale marquée par de nombreuses manifestations et arrestations. D’importants effectifs de policiers en civil étaient notamment présents aux alentours des bureaux dans plusieurs quartiers du Caire et d’Alexandrie.
Le Parti national démocrate (PND) de M. Moubarak a promis de laminer la représentation parlementaire des Frères musulmans, qui avaient raflé un cinquième des sièges en 2005.
La confrérie islamiste, officiellement interdite mais tolérée dans les faits, soutient 130 candidats se présentant comme "indépendants".
Elle a dénoncé une vaste campagne d’arrestations et d’intimidations de la part du pouvoir à l’encontre de ses militants au cours des dernières semaines.
Le fils d’un candidat indépendant a été poignardé à mort dans la nuit de samedi à dimanche alors qu’il collait des affiches pour son père, a-t-on appris de source médicale et auprès de ses proches.
Pas d’observateurs internationaux
Plusieurs organisations de défense des droits civiques ont dénoncé ces derniers jours les conditions dans lesquelles se tient ce scrutin, estimant que les conditions d’un vote démocratique étaient loin d’être réunies.
Le président Hosni Moubarak a promis de son côté un vote "libre et régulier".
Les Etats-Unis ne sont pas parvenus à obtenir la présence d’observateurs internationaux, une demande vivement rejetée par l’Egypte comme une "ingérence étrangère".
Cette élection sera suivie dans un an par une élection présidentielle, à laquelle M. Moubarak, 82 ans et au pouvoir depuis 29 ans, n’a pas encore dit s’il se présenterait.
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