À quatre jours de la présidentielle, la crainte de fraudes massives

Quatre jours avant un scrutin présidentiel et législatif crucial pour l’avenir d’Haïti, la campagne électorale se poursuivait mercredi dans un climat troublé par mes affrontements entre militants, les craintes de fraudes massives et l’épidémie de choléra.

Des affiches électorales à Port-au-Prince, le 19 novembre 2010. © AFP

Des affiches électorales à Port-au-Prince, le 19 novembre 2010. © AFP

Publié le 25 novembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Le directeur du registre électoral national haïtien, Philippe RJ Augustin, a déclaré à l’AFP qu’il craignait "des fraudes partout" et que des responsables de bureaux de vote soient touchés par la corruption qui sévit déjà dans le reste de la société haïtienne.

"Je ne suis pas sûr que les 33.000 membres des bureaux de vote soient intègres dans un pays qui est pauvre", a-t-il dit.

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Il a dit craindre également que le système qui prévoit d’apposer de l’encre indélébile sur une des phalanges de chaque électeur après son vote, pour éviter qu’il ne vote plusieurs fois, ne soit pas suffisamment efficace. "Ca peut se détourner".

Quelque 4,7 millions d’habitants de ce pays, exsangue après le séisme de janvier qui a fait plus de 250.000 morts, sont appelés aux urnes le 28 novembre pour élire leur nouveau président et un nouveau parlement.

La campagne électorale a été perturbée ces derniers jours par des violences sporadiques et, lundi, les partisans de deux candidats se sont affrontés dans le sud-ouest du pays, faisant deux morts.

Mercredi matin, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à Port-au-Prince pour manifester contre le président René Préval et son protégé, Jude Célestin, qui se présente sous la bannière d’Inité ("Unité" en français), le parti au pouvoir. Des drapeaux d’Inité ont été brûlés, mais la manifestation n’a pas dégénéré.

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M. Célestin fait figure de grand favori aux côtés de Mirlande Manigat, 70 ans.

L’ONU accusée d’être responsable de l’épidémie

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Les heurts qui ont entouré la campagne jusqu’à présent, conjugués à l’épidémie de choléra qui sévit depuis plus d’un mois, n’ont pas poussé les autorités à reporter le scrutin de dimanche, comme le souhaitaient quatre des 18 candidats.

Il "est important pour le pays" de maintenir les élections, a déclaré Mme Manigat dans un entretien à l’AFP. "Les Haïtiens (…) veulent le changement". "Le choléra en lui-même ne devrait pas empêcher l’élection", a-t-elle ajouté.

La maladie a fait jusqu’ici 1.415 morts et entraîné plus de 25.000 hospitalisations, selon le dernier bilan, communiqué mardi.

Selon Nigel Fisher, coordinateur de l’ONU pour Haïti, l’épidémie "se développe de plus en plus vite" et les Nations unies jugent que le cap des 200.000 cas pourrait être franchi dans trois mois.

La maladie a suscité des manifestations violentes la semaine dernière, notamment à l’encontre des soldats népalais de la Mission des Nations unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah), accusés d’avoir importé la bactérie mortelle.

"Je ne dis pas que la Minustah est responsable. J’ai un doute", a dit à ce propos Mirlande Manigat. "Selon les informations qui ont filtré du ministère de la Santé, c’est prouvé", a-t-elle toutefois ajouté.

L’aide internationale, décisive pour combattre la propagation de l’épimédie, continuait d’affluer mercredi.

La Banque mondiale a annoncé qu’elle préparait un don de 10 millions de dollars pour améliorer l’accès aux services de santé et à l’eau propre. La France a de son côté annoncé mercredi l’envoi de moyens d’urgence à l’hôpital universitaire d’Etat de Port-au-Prince.

Trois chercheurs ont en outre publié mercredi une lettre appelant les Etats-Unis à fabriquer et stocker à grande échelle des doses de vaccin contre le choléra pour pouvoir intervenir rapidement.

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