Salah Goudjil, président du Sénat algérien et soutien indéfectible du président Tebboune

Officiellement, Abdelmadjid Tebboune ne dit rien de ses intentions de se porter ou non candidat à sa propre succession. Mais à neuf mois du scrutin présidentiel, prévu à la mi-décembre, les signaux sont déjà là, puisqu’il a le soutien du deuxième personnage de l’État.

Salah Goudjil, lors de l’ouverture de la session parlementaire ordinaire 2023/2024, à Alger, le 4 septembre 2023. © APP / NurPhoto via AFP

Salah Goudjil, lors de l’ouverture de la session parlementaire ordinaire 2023/2024, à Alger, le 4 septembre 2023. © APP / NurPhoto via AFP

Publié le 15 mars 2024 Lecture : 4 minutes.

« Je suis pour la continuité et la stabilité » ne cesse de marteler Salah Goudjil, le président du Sénat algérien, à ses hôtes ou lors des réunions du bureau de la chambre haute, témoigne un sénateur du tiers présidentiel. Ses 93 ans révolus contraignent ce vieux routier du Front de libération nationale (FLN) à s’absenter fréquemment de l’hémicycle, mais lui laissent quand même assez de ressources pour s’imposer comme le principal porte-voix du chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, dés que l’occasion se présente.

Fin janvier, il a ainsi longuement échangé avec le président de l’Assemblée nationale mauritanienne, Mohamed Ould Meguett, ou encore la présidente de l’Assemblée nationale malgache, Christine Razamahasoa, qui effectuaient une visite en Algérie. Les arguments de Salah Goudjil ? Depuis l’élection du président de la République, l’Algérie a connu « une nouvelle dynamique qui amène le pays vers un changement démocratique constructif, qui renforce les principes de transparence, d’intégrité et de gouvernance éclairée », rapporte le parlementaire déjà cité.

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En faveur d’un second mandat

Natif de Batna, l’homme politique est décrit par son entourage comme un conservateur, peu enclin au débat et hostile à la compartimentation de l’histoire, particulièrement la période coloniale entre 1830 et 1962. Il a aussi une forte tendance à éviter les journalistes. Pourtant, c’est devant les responsables des médias nationaux – qu’il a reçu exceptionnellement en février dernier dans le cadre de la commémoration de la journée du Chahid (martyr) – que Salah Goudjil a plaidé publiquement pour la première fois, en faveur d’un second mandat.

« Le président a été élu sur la foi de 54 engagements qu’il avait pris lors de sa campagne électorale en 2019. Il les a totalement respectés. La Constitution lui permet deux mandats et personnellement, je souhaite que nous continuions dans cette voie pour que l’Algérie soit totalement à l’abri, stable et en sécurité », a-t-il développé durant cette rencontre.

Selon lui, le président Tebboune est resté fidèle « aux principes novembristes, sous-tendus par l’implication de tout un chacun dans le processus de l’édification d’une Algérie soucieuse de l’indépendance de sa décision politique et économique, nonobstant les tentatives de déstabilisation menées par des parties hostiles, notamment du fait de l’attachement de notre pays à ses positions de rejet de toute ingérence dans les affaires intérieures des États et de son soutien aux causes justes, en tête desquelles se trouve la cause palestinienne ».

Dés 2019, Salah Goudjil estimait d’ailleurs que l’élection d’Abdelmajid Tebboune constituait « le début du changement en Algérie et un tournant décisif pour redonner espoir aux jeunes ». En retour, en franchissant le seuil de l’hémicycle, le 24 février 2022, Goudjil avait la certitude d’être réélu quelques heures plus tard à la présidence de la chambre haute du Parlement, aucun concurrent n’ayant présenté sa candidature face à lui.

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Goudjil, rompu aux climats tendus

Il était alors déjà âgé de 91 ans et si, dans le pays, l’âge élevé des hauts responsables n’est plus depuis longtemps un sujet d’étonnement, l’événement n’est pas passé inaperçu. Il a même suscité la colère des manifestants du Hirak, qui ont dénoncé le recyclage d’anciennes figures du régime. Certains protestataires allant jusqu’à scander « Goudjil à la maison de retraite ». Le membre influent du FLN avait déjà été maintenu, le 15 février par le chef de l’État dans le tiers présidentiel et a reçu l’assurance de demeurer à la tête du Sénat.

Doyen des sénateurs, il était déjà à la tête du Conseil de la nation depuis avril 2019, lorsque son prédécesseur, Abdelkader Bensalah, décédé depuis, a dû assurer l’intérim de la présidence de la République après la démission d’Abdelaziz Bouteflika. Après l’élection à la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, en décembre 2019, Abdelkader Bensalah, souffrant d’un cancer au stade terminal, renonce à reprendre la tête du Sénat. De toute façon, Salah Goudjil n’entendait ni céder sa place d’intérimaire ni organiser une nouvelle élection. La situation est maintenue ainsi jusqu’à 2022.

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Homme du système, Goudjil est rompu aux climats tendus. Pendant la guerre de libération nationale, il était commandant dans l’armée des frontières, puis se retrouvait à Tunis lors du cessez-le-feu prévu par les accords d’Évian. Plus tard, il sera désigné président de la commission d’enquête sur le crash de l’avion de Mohamed Seddik Benyahia, ministre des Affaires étrangères, prés de la frontière irano-turque, en 1982. C’est dans ce cadre qu’il est envoyé par le président Chadli Bendjedid rencontrer Saddam Hussein pour essayer de déterminer les circonstances qui ont conduit les Irakiens à abattre l’avion algérien. Goudjil raconte d’ailleurs souvent les détails de cette mission à ses visiteurs au Sénat, avec une pointe de fierté.

Aujourd’hui, le voilà à la tête du Sénat, et ce, théoriquement jusqu’en 2025, date à laquelle il aura 94 ans. D’ici-là, en cas de vacance du pouvoir présidentiel, c’est lui qui serait amené à assurer l’intérim.

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