Pierre Moussa : « Pourquoi nous devons rester à Bangui »
Depuis août 2012, Pierre Moussa est le président de la Commission de la Cemac. Rencontre.
Surtout, ne rien dire qui pourrait remettre en cause les décisions des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Pierre Moussa, président depuis août 2012 de la Commission de cette institution commune à six pays de la sous-région, est un homme prudent. Peut-être même un peu trop en cet après-midi d’octobre où il nous rend visite et pendant lequel à aucun moment il ne se départira de sa langue de soie.
Alors même que la situation sécuritaire en Centrafrique est pour le moins chaotique et que la question du maintien du siège de la Cemac à Bangui se pose avec insistance, Pierre Moussa maintient qu’il faut respecter la décision prise par la conférence des chefs d’État de la zone, le 14 juillet, de demeurer dans la capitale centrafricaine. Selon eux, partir même temporairement, comme l’avait suggéré le Conseil des ministres de la sous-région, ne ferait qu’aggraver la situation. Dans un pays dévasté par des guerres à répétition, il est vrai que la Commission de la Cemac, qui emploie environ 300 personnes, est la plus grande administration. Et que sa délocalisation, même provisoire, pourrait entraîner celle de bien d’autres organisations étrangères.
Interview de Pierre Moussa.
Ancien pilier du régime de Denis Sassou Nguesso, dont il est réputé proche, ce Congolais âgé de 72 ans concède cependant : « Je vous mentirais si je vous disais que la situation est idyllique et qu’on travaille dans les conditions les meilleures possibles. Des cadres de la Commission ont subi de lourds préjudices. » Allusion à ceux dont les biens ont été saccagés et les maisons pillées. Pierre Moussa n’en dira pas plus et, dans la foulée, assure que « des précautions ont été prises très tôt pour garantir la sécurité du siège de la Cemac. Nos locaux ont même servi un temps de refuge aux populations ».
Pierre Moussa est ainsi, disent ceux qui le connaissent. Un homme consensuel. D’ailleurs, au sujet d’Antoine Ntsimi, auquel il a succédé dans un contexte de tension entre les pays membres de la Cemac, il ne dira pas de mal non plus. Même si le Camerounais, soupçonné de mauvaise gouvernance et débarqué en juillet 2012 après dix années passées à la tête de l’institution, a boycotté les cérémonies de sa prise de fonction et de sa prestation de serment. « Je n’ai pas de commentaires à faire à ce sujet », glisse Pierre Moussa, égal à lui-même. Seule réponse qu’on obtiendra de lui : « Nous avons chacun notre mode de fonctionnement. En ce qui me concerne, je suis plutôt pour des prises de décisions collégiales et je crois en la force de la persuasion. Mes collaborateurs peuvent en témoigner », dit-il en cherchant du regard l’approbation de ses directeurs de cabinet et de communication qui l’accompagnent.
C’est sans doute cette philosophie de travail qui explique la longévité politique de cet homme formé entre Clermont-Ferrand (France), Paris et Dakar, où il a notamment étudié la planification au côté du célèbre économiste franco-égyptien Samir Amin. « J’ai papillonné pendant au moins un quart de siècle à la tête de divers ministères congolais [Plan, Économie et Finances…]. Maintenant, je me retrouve à la tête de la Commission de la Cemac. Parce que mon idéal est panafricain, c’est vraiment ce que j’ai toujours voulu faire », conclut-il.
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