Selon Vladimir Poutine, Emmanuel Macron éprouve « de la rancune »
Dans un long entretien préélectoral, le président russe a affirmé que son homologue français ne digérait pas la nouvelle influence de son pays en Afrique.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 14 mars 2024 Lecture : 2 minutes.
Si la Russie n’avait pas tant d’intérêts idéologiques, géopolitiques et géologiques en Afrique, on pourrait croire que la bienveillance du Kremlin à l’égard du continent a pour seul objectif d’importuner Emmanuel Macron.
Candidat à sa succession lors de l’élection présidentielle qui se tient du 15 au 17 mars, et à défaut d’accepter des débats avec ses opposants, Vladimir Poutine a accordé une interview fleuve à la première chaîne de télévision russe, Rossiya 1. Il y a évoqué l’influence accrue de la Russie en Afrique et ce qu’il considère comme « une sorte de ressentiment […] aigu et plutôt émotionnel » du président français sur ce sujet.
Poutine nie entretenir le sentiment anti-français
« Nous ne sommes pas allés en Afrique pour forcer la France à en sortir », a affirmé le président russe, esquissant une zone géographique francophone qui va de la Centrafrique aux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Et de préciser, à propos du sentiment anti-français et des « menaces » qui s’expriment ça et là contre « la présence française » : « Nous n’avons rien à voir avec cela. Nous n’incitons personne là-bas, nous ne montons personne contre la France. »
Poutine a également évoqué « le célèbre groupe Wagner« , dont la concurrence indisposerait Emmanuel Macron. Comme à l’accoutumée, il a qualifié l’organisation paramilitaire d’entité indépendante du Kremlin, tout en disant qu’elle était pourvoyeuse de « projets économiques ». Il a également admis qu’elle était soutenue par le ministère russe de la Défense, « mais uniquement parce qu’il s’agit d’un groupe russe, rien de plus ».
Le maître du Kremlin a ensuite empoigné l’archet d’un violon humaniste, expliquant que tout État indépendant a la liberté de renforcer ses relations avec des partenaires en provenance d’autres pays que l’Occident, et notamment le sien. Et de conclure : « Oui, je pense qu’il y a de la rancune. »
Macron insulté par Medvedev
Après avoir digéré l’effondrement de l’Union soviétique, Moscou a développé une politique progressive de retour sur le continent africain, notamment depuis le sommet Russie-Afrique de Sotchi, en octobre 2019.
Et depuis les récents propos va-t-en-guerre de Macron sur l’éventualité – peu probable – d’un envoi de troupes occidentales en Ukraine, le régime russe cible le chef de l’État français. Cette semaine, sur Twitter, la « doublure » de Poutine, l’ancien président Dmitri Medvedev, traitait Emmanuel Macron de « trouillard zoologique », l’invitant à « prendre plusieurs paires de caleçons » en cas de voyage à Kiev, allusion scatologique précisée plus loin : « Ça sentira très fort. »
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