À Ramallah, un fidèle de Mahmoud Abbas nommé Premier ministre
Le président palestinien a choisi l’économiste Mohammad Mustafa pour former un nouveau gouvernement, alors que l’Autorité palestinienne doit préparer l’après-guerre à Gaza.
À 69 ans, le nouveau Premier ministre palestinien, ancien conseiller économique du président Abbas, a été à la tête du Fonds d’investissement pour la Palestine (PIF) après avoir occupé de hautes fonctions à la Banque mondiale à Washington pendant 15 ans. Ce fonctionnaire international prend ses fonctions en pleine guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Fin février, le Premier ministre Mohammed Shtayyeh avait présenté la démission de son gouvernement, arguant de la nécessité de tenir compte « de la nouvelle réalité dans la bande de Gaza » et du « besoin urgent d’un consensus interpalestinien ».
Quelques jours plus tard, les différents mouvements palestiniens – dont les rivaux du Hamas et du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas – s’étaient réunis à Moscou et avaient annoncé leur intention de remettre sur les rails des pourparlers pour « unir » leurs voix sous la bannière de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, tandis que le Hamas est au pouvoir dans la bande de Gaza, aujourd’hui ravagée par la guerre.
Ces derniers mois, de nombreux Palestiniens ont critiqué le président Abbas, âgé de 88 ans et élu la dernière fois en 2005, pour son « impuissance » face aux raids israéliens dans la bande de Gaza. La question du rôle de l’Autorité palestinienne lorsque la guerre s’achèvera demeure une grande inconnue, en raison de son influence limitée et du refus du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou d’envisager un futur État palestinien.
Mahmoud Abbas « assiégé et sous la pression » d’Israël et de Washington
Pour l’analyste palestinien Abdoul Majeed Sweilem, la nomination de Mustafa représente une tentative de renforcer les institutions palestiniennes au moment où le président Abbas est « assiégé et sous la pression » d’Israël et de Washington. Le nouveau Premier ministre a un profil « acceptable pour les Américains », ajoute l’analyste. Preuve en est, la Maison Blanche a salué l’annonce de sa nomination et appelé à la constitution d’un conseil des ministres « aussi vite que possible ». « Les États-Unis attendront de ce nouveau gouvernement qu’il mette en œuvre des politiques et des réformes crédibles et en profondeur », a déclaré dans un communiqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Mais pour le politologue Khalil Shaheen, le nouveau Premier ministre est avant tout un fidèle de Mahmoud Abbas. « Mustafa a une vision économique, mais il demeure sous l’autorité du président Abbas. Au bout du compte, il restera son bras droit », estime-t-il. « Abbas veut prouver qu’il soutient des réformes », mais « avec cette nomination, il s’assure d’avoir un Premier ministre qui ne le défiera pas », ajoute-t-il.
La communauté internationale, États-Unis en tête, soutient la solution à deux États comme perspective après la guerre et pour instaurer la paix dans la région. Mais pour Washington, cela implique « une autorité palestinienne rénovée », confiait le mois dernier un haut responsable de la Maison Blanche sous couvert de l’anonymat.
(Avec AFP)
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