Présidentielle : dernier appel au calme avant un scrutin historique
Un appel au calme et à la fraternité, lancé par les deux candidats à la présidentielle en Guinée, était diffusé samedi dans tout le pays, pour diminuer la tension à la veille d’un scrutin historique.
Cette première présidentielle libre de l’histoire du pays depuis son indépendance de la France en 1958 doit mettre un terme à plus de 50 ans de dictature et de pouvoirs autoritaires, dont 26 ans de régimes militaires autocratiques, marqués par le développement de la corruption et la répression.
Sous la pression du Groupe international de contact sur la Guinée (GIC-G), les deux civils en lice se sont donnés l’accolade vendredi soir devant les caméras.
"Nous, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé (…), réitérons notre engagement à oeuvrer pour un scrutin apaisé, libre et démocratique", ont-ils affirmé, en appelant tous les citoyens à faire de cette période électorale "un moment historique de confraternité retrouvée".
La poignée de main des deux rivaux s’est faite sous les applaudissements des représentants de la communauté internationale.
L’UA "raisonnablement optimiste"
"On n’est jamais à l’abri d’une surprise mais nous allons plutôt vers un scrutin calme", a affirmé samedi l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) en Guinée, Ibrahima Fall, qui s’est dit "raisonnablement optimiste".
"Ces dernières semaines avaient été marquées par des incidents qui avaient quelque peu empoisonné l’atmosphère de coexistence interethnique dans certaines villes du pays", a rappelé le représentant de l’UA.
Les deux reports du second tour en septembre et octobre, après un premier tour qui s’est tenu le 27 juin, avaient favorisé toutes les suspicions.
Depuis septembre, des affrontements qualifiés de "politiques" ou d’"ethniques" s’étaient produits entre des partisans des deux candidats issus des plus importantes ethnies du pays, M. Diallo étant peul et M. Condé malinké.
"Il faut éviter le moindre incident interethnique" qui pourrait "être colporté au niveau national, agrandi démesurément, a mis en garde M. Fall, en jugeant que "le premier danger, c’est la rumeur".
Chiffres "quelque peu gonflés"
Sans donner aucun bilan des "incidents" répertoriés, il a jugé que "des chiffres avaient été quelque peu gonflés, qu’il s’agisse des malades d’une intoxication alités à l’hôpital à Conakry (partisans de M. Condé, ndlr)" ou "du nombre des personnes déplacées contre leur gré (partisans de M. Diallo, ndlr).
Cellou Dalein Diallo, plusieurs fois ministre puis Premier ministre sous le régime du défunt général Lansana Conté (1984-2008), affronte au second tour l’universitaire Alpha Condé, opposant à tous les régimes depuis l’indépendance. Ils avaient obtenu respectivement 43% et 18% des voix au premier tour.
Le représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Said Djinnit, s’est dit samedi "plutôt confiant" dans le fait que le scrutin se passe "dans des conditions relativement pacifiques".
Le président de la transition, le général Sékouba Konaté, devait recevoir dans l’après-midi les deux candidats. Cet ancien officier putschiste ne cesse d’évoquer depuis des mois son "empressement à quitter le pouvoir".
"Jusqu’à présent, force est de constater que l’armée s’est plutôt bien comportée", a souligné M. Djinnit.
Il a appelé les militaires à "surprendre tous les sceptiques" et faire en sorte "que l’armée guinéenne contribue efficacement au retour de la démocratie".
Dimanche, toutes les frontières – terrestres, aériennes et maritimes – seront fermées et la circulation sera interdite de 6H00 à minuit dans tout le pays, sauf pour les personnes autorisées.
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