Le paludisme en voie de disparition dans certaines régions

L’organisation internationale « Roll Back Malaria » (faire reculer le paludisme) a félicité le Sénégal pour avoir mis en place « un programme efficace de contrôle du paludisme » dans un rapport publié jeudi. Le nombre de décès liés à la maladie a été divisé par 4 en quatre ans.

Désinfection d’une maison inondée au Sénégal. © AFP

Désinfection d’une maison inondée au Sénégal. © AFP

Publié le 5 novembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Dès qu’elle a eu de la fièvre et des maux de tête, Codou Mbengue est allée chez l’agent de santé de son village. "J’ai fait un test de dépistage du paludisme et reçu des médicaments qui m’ont guérie", dit cette femme de Keur Yamar (centre du Sénégal) où le paludisme ne tue plus.

"Nous n’avons enregistré cette année qu’un seul cas de paludisme. Presque tout le village était auparavant touché, avec de nombreux cas de décès", affirme Pape Ibrahima Guèye, infirmier du hameau situé à plus de 150 km au nord de Dakar.

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Au bout d’une piste cahoteuse et sablonneuse, cernée par les hautes herbes, surgit Keur Yamar, perdu au milieu des champs de mil et d’arachide.

Accessibilité et sensibilisation

"La prise en charge des cas de paludisme à domicile a réglé ce problème d’accessibilité", explique Amadou Moustapha Faye, chef du centre de santé de Mékhé dont dépend Keur Yamar. "Une volontaire, appelée "distributeur de santé à domicile" (DSDOM) et choisie par les habitants, a été formée pour établir en quinze minutes un test de diagnostic rapide du paludisme et administrer des soins avec les ACT ("artemisinin-based combination treatment"), combinaison thérapeutique à base d’artémisinine.

A Keur Yamar, village dépourvu de structure de santé, c’est Mme Gana Mbaye qui a été nommée "DSDOM". "Si je reçois un patient atteint de fièvre et que le test "palu" est positif, je lui donne des médicaments ACT. Et si le test est négatif, je l’envoie à Pekesse", un village voisin doté d’un poste de santé qui peut diagnostiquer d’autres maux, dit-elle.

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A Thiénaba, autre village du centre du Sénégal, une association locale se dit déterminée à "vaincre la maladie", par la sensibilisation et la prévention. "Auparavant, les gens refusaient de dormir sous une moustiquaire qu’ils assimilaient à un linceul", dit son président, El Hadji Diop.

"Le paludisme nous a fait beaucoup de mal en empêchant nos enfants d’aller à l’école et en tuant leurs mamans", ajoute cet homme en pleurs lorsqu’il évoque sa "fille, brillante à l’école, qui avait 12 ans quand elle est morte du paludisme en 1999".

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Le nombre de cas à Thiénaba est passé de 3.459 en 1999 à 6 en 2009 et depuis lors, la localité n’a connu "aucun décès" par paludisme, selon l’infirmier Aliou Niasse.

Depuis cinq ans, "le Sénégal a construit un programme efficace de contrôle du paludisme", affirme un rapport publié jeudi à Dakar par Roll back malaria (faire reculer le paludisme), qui réunit l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et la Banque mondiale.

L’utilisation des tests de diagnostic rapide et des ACT -gratuits depuis mai-, une distribution de moustiquaires qui couvrirait 82% des ménages en 2010 et une sensibilisation accrue ont permis de faire baisser la mortalité, selon ce document.

On comptait 2.000 décès du paludisme en 2005 au Sénégal. Ce nombre a chuté à 741 en 2008 et 574 en 2009, affirme Ibrahima Diallo, un responsable du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP).

Chez les enfants de moins de 5 ans, on est passé de 400.000 cas suspects en 2006 à 78.000 cas confirmés en 2008 puis à 30.000 cas confirmés en 2009, selon le rapport.

"On pourrait prévoir une élimination du paludisme au Sénégal dans les prochaines années", va jusqu’à affirmer M. Diallo. "Certaines zones, comme la Vallée du fleuve Sénégal (nord), sont déjà en situation de préélimination, avec un cas de paludisme pour 1.000 habitants, parfois moins".

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