Arche de Zoé : le président de l’association et sa compagne risquent dix ans de prison
Pour certains déjà condamnés au Tchad à des travaux forcés, six membres de l’ONG française l’Arche de Zoé vont faire face à un nouveau procès, cette fois à Paris, pour avoir tenté d’exfiltrer 103 enfants du Tchad vers la France en 2007.
Le 27 octobre 2007 à Abéché, ville tchadienne située dans une région frontalière du Darfour soudanais, les autorités tchadiennes interceptaient à l’aéroport six membres de l’Arche de Zoé alors qu’ils faisaient embarquer, affublés de faux pansements, 103 enfants qu’ils comptaient ramener en France.
Présentés par la petite ONG comme des orphelins du Darfour en proie à la guerre civile, ces enfants qu’elle prétendait "sauver" s’étaient avérés tchadiens pour la plupart, et pas orphelins. L’opération, stoppée in extremis, avait viré au scandale retentissant.
Deux mois après leur arrestation au Tchad, le président de l’association Eric Breteau, sa compagne Emilie Lelouch, le médecin Philippe van Winkelberg, le logisticien Alain Péligat, le pompier Dominique Aubry et l’infirmière Nadia Mérimi étaient condamnés à N’Djamena à huit ans de travaux forcés. Ils avaient été transférés en France puis graciés fin mars 2008 par le président tchadien Idriss Deby.
Cinq membres de l’association devant la justice
De son côté, la justice française a également enquêté. Mercredi, les juges Yann Daurelle et Martine Vezant ont renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris Eric Breteau et Emilie Lelouch, a-t-on appris vendredi de sources proches de l’enquête.
Ils comparaîtront pour escroquerie, aide à l’entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France et exercice illégal de l’activité d’intermédiaire en vue d’adoption. Ils encourent dix ans de prison et 750.000 euros d’amende.
Le médecin Philippe van Winkelberg et le logisticien Alain Péligat sont eux aussi renvoyés en procès pour aide à l’entrée et au séjour irrégulier de mineurs étrangers en France, mais pas pour escroquerie ou exercice illégal relatif à l’adoption comme l’avait demandé l’accusation.
Malgré leur renvoi, leur avocat Me Jean-Claude Guidicelli a salué "une grande victoire du droit dans un dossier où des accusations infamantes ont été portées contre (ses) clients qui, après l’oprobe, retrouvent leur dignité".
La journaliste Agnès Pelleran poursuivie pour complicité d’aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers, qui avait également été interpellée par les autorités tchadiennes mais libérée dix jours plus tard à la suite d’une visite au Tchad de Nicolas Sarkozy, est également renvoyée.
C’est également le cas d’un membre de l’association qui était resté en France, Christophe Letien et de l’association elle-même en tant que personne morale.
Le procès devrait se tenir en 2011.
Les juges n’ont en revanche retenu aucune charge et conclu au non-lieu concernant l’infirmière Nadia Merimi et le pompier Dominique Aubry, qui avaient été placés sous le statut de témoin assisté.
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