Le Niger de Tiani tourne le dos aux États-Unis
À Niamey, la junte du général Abdourahamane Tiani a dénoncé « avec effet immédiat » un accord de coopération militaire signé avec les États-Unis en juillet 2012.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 18 mars 2024 Lecture : 2 minutes.
Dans les arcanes du pouvoir nigérien, les derniers jours ont ressemblé à une pièce de théâtre vaudevillesque, pleine de rebondissements et de claquements de porte. La semaine dernière, une délégation américaine menée par la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines, Molly Phee, prolongeait d’une journée un séjour de 48 heures à Niamey, espérant ainsi rencontrer le chef du régime militaire, Abdourahamane Tiani. Les visiteurs finiront par jeter l’éponge, sans explication officielle sur la « bouderie » nigérienne.
À peine les hauts responsables occidentaux avaient-ils le dos tourné, samedi 16 mars, que le porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) affirmait que l’arrivée de l’aréopage américain n’avait pas respecté les « usages diplomatiques » en abusant d’une communication unilatérale sur les dates du séjour et sur la composition de ladite délégation.
Le langage diplomatique au placard
Si ce ballet diplomatique ressemble à du vaudeville, c’est que le couac de la visite américaine a été dévoilé en même temps que la dénonciation, ce 16 mars et « avec effet immédiat », de l’accord de coopération signé en juillet 2012 avec les États-Unis, « relatif au statut du personnel militaire des États-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger »…
La décision de rupture, censément « dans les tuyaux » au moment de la présence de Molly Phee, était-elle trop difficile à annoncer les yeux dans les yeux ou est-ce le caractère « irrespectueux » de la délégation américaine qui a précipité la dénonciation de l’accord de coopération ? Lu samedi soir à la télévision nationale, le communiqué des autorités nigériennes laisse entendre que la communication feutrée chère aux diplomates n’est plus à l’ordre du jour.
Le porte-parole du CNSP y précise que la présence militaire américaine est « injuste », « illégale », imposée unilatéralement par les États-Unis, via une simple note verbale, et qu’elle « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques ».
Tardif et brutal
Finalement, près de huit mois après le coup d’État contre Mohamed Bazoum et après un exercice de contorsionnisme de « l’Oncle Sam », la diplomatie américaine se voit peu ou prou logée à la même enseigne que la France, avec qui les accords militaires ont également été dénoncés.
Engagés dans la lutte antijihadiste, les États-Unis comptent environ un millier de soldats au Niger et une base de drones à Agadez. L’expression « avec effet immédiat » chérie par les régimes de l’Alliance des États du Sahel (AES) suggère que les bagages des « illégaux » devront être faits rapidement.
Tout cela semble-t-il brutal ? Amadou Abdramane affirme que le gouvernement du Niger ne fait que prendre en compte « les aspirations et les intérêts de son peuple ».
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