Le prix Nobel (enfin) à une femme poète africaine ?

L’Algérienne Assia Djebar serait l’une des favorites pour le prix Nobel de littérature. Selon certains indices, celui-ci sera décerné jeudi à une femme, poète, africaine… Mais rien n’est sûr : comme chaque année, le mystère enveloppant le lauréat est complet à Stockholm. Et tous les moyens sont bons pour en dresser un portrait robot.

L’académicienne algérienne Assia Djebar fait un discours à l’Académie française. © AFP

L’académicienne algérienne Assia Djebar fait un discours à l’Académie française. © AFP

Publié le 6 octobre 2010 Lecture : 3 minutes.

Il y a d’abord les données tirées du palmarès : l’Europe est le continent le plus récompensé, les femmes sont délaissées, la poésie est sous-représentée, l’Académie suédoise aime les oeuvres politiquement engagées.

Conclusion, l’Algérienne Assia Djebar sera couronnée cette année. Auteur de romans et du recueil Poèmes pour une Algérie heureuse, elle fait régulièrement partie des favoris, mais cette fois, c’est sûr, ce sera elle.

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Sauf que… Mme Djebar qui a hérité du fauteuil de Georges Vedel à l’Académie française en 2005 est d’expression française et que le Nobel de Littérature a été décerné à un Français, JMG Le Clézio, en 2008.

Cherchons alors des indices plus subjectifs auprès des professionnels du livre en Suède.

Avantage à l’Afrique

Cette année, le salon du livre de Göteborg qui s’est tenu du 23 au 26 septembre était consacré à… l’Afrique !

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« Nous avons remarqué un très grand intérêt pour les thèmes africains, alors peut-être que ce sera un auteur africain », affirme à l’AFP la directrice de la communication du Salon, Birgitta Jacobsson Ekblom.

D’ailleurs, « cette année nous avons invité (le Somalien) Nuruddin Farah et (le Kényan) Ngugi wa Thiong’o qui peuvent remporter le prix », souligne-t-elle en rappelant que « chaque année, tous les membres de l’Académie viennent au salon du livre de Göteborg ».

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Les éditions Albert Bonniers tablent sur « une surprise cette année encore », après l’inattendue Roumaine de langue allemande Herta Müller en 2009.

« Cela fait des années que j’essaie de deviner, mais je ne suis jamais tombé juste », annonce en préambule le directeur littéraire de Bonniers, Jonas Axelsson.

« Le seul indice que nous donne l’Académie, c’est que le lauréat doit être un témoin oculaire de quelque chose […] d’important pour le monde », rappelle-t-il.

Alors pourquoi pas un journaliste ? Oui, reconnaît M. Axelsson, mais il faut qu’il soit « un miroir du monde », il faut « un voyageur, un grand reporter comme (Ryszard) Kapuscinski qui l’aurait eu il y a deux ans s’il n’était pas mort » en janvier 2007.

Car, autre rare certitude en la matière, l’Académie ne récompense que les vivants. La mort en juin du Nobel 1998 Jose Saramago influencera-t-elle l’Académie en faveur d’un auteur lusophone ?

D’autres éléments subjectifs plus ou moins solides peuvent être relevés dans les médias et l’internet.

On y souligne que l’Uruguayen Eduardo Galeano a reçu le prix Stig-Dagerman 2010, comme Le Clézio et Elfriede Jelinek l’année de leur Nobel, respectivement en 2008 et 2004.

On y lit encore sur le site de la radio publique russe Voix de la Russie que l’écrivain tchétchène de langue russe Kanta Ibraguimov est sur la liste de l’Académie suédoise.

Des éléments plus émotionnels peuvent également être retenus, comme ce plaidoyer d’un poète dans le quotidien Svenska Dagbladet.

Depuis la Polonaise Wislawa Szymborska en 1996, « treize années sans poésie ! Ce n’est jamais arrivé dans l’Histoire des Nobel », s’emporte Björn Haakansson qui se demande si la poésie n’est pas suffisamment rentable pour mériter d’être distinguée par l’Académie.

Pour ceux qui n’ont vraiment pas d’idée originale, contrairement à l’Académie, il reste les « usual suspects », ces noms qui reviennent chaque année : les poètes syrien Adonis, coréen Ko Un et suédois Tomas Tranströmer, les romanciers américains Philip Roth, Cormac McCarthy et Joyce Carol Oates, les Canadiennes Margaret Atwood et Alice Munro, l’Israélien Amos Oz ou le Péruvien Mario Vargas Llosa.

Enfin, il reste le hasard des paris: lundi soir, le Paraguayen Nestor Amarilla est le net favori chez unibet et Tranströmer a la cote la plus basse chez ladbrokes.

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