Blinken au Moyen-Orient pour discuter d’une trêve à Gaza, au bord de la famine
Les pourparlers pour une trêve s’intensifient avec la visite du chef du Mossad au Qatar, et après un infléchissement de la position du Hamas.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu ce 20 mars au Moyen-Orient pour tenter d’arracher une trêve de plusieurs semaines dans les combats à Gaza, où la famine guette la population palestinienne après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas.
Les pourparlers se sont intensifiés ces derniers jours, avec notamment la visite du chef du Mossad, les services de renseignement extérieurs israéliens, au Qatar, pays médiateur avec les États-Unis et l’Égypte, et après un infléchissement de la position du Hamas qui a ouvert la porte à une pause de quelques semaines dans les affrontements après avoir exigé sans succès un cessez-le-feu définitif.
Mais le chef du mouvement islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, a accusé Israël de « saboter » ces négociations en menant depuis la veille une opération d’envergure contre l’hôpital al-Chifa de la ville de Gaza. L’armée a déclaré avoir tué « des dizaines » de combattants du Hamas et du Jihad islamique dans ce complexe hospitalier et à ses abords, et avoir arrêté « plus de 300 suspects ».
« Cent pour cent de la population dans une situation d’insécurité alimentaire grave »
Les ONG et les agences de l’ONU ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur le risque imminent de famine dans le territoire palestinien, en particulier dans le nord, difficilement accessible et où vivent actuellement plus de 300 000 personnes. « Cent pour cent de la population » de Gaza se trouve « dans une situation d’insécurité alimentaire grave », a affirmé le secrétaire d’État américain Antony Blinken. « C’est la première fois qu’une population entière est ainsi classée », à la veille d’une nouvelle tournée régionale qui doit le mener en Arabie saoudite, puis le 21 mars en Égypte pour des discussions avec de hauts responsables locaux.
Le chef de la diplomatie américaine a dit qu’il abordera les « efforts déployés pour parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat garantissant la libération de tous les otages restants », ainsi que l’intensification des efforts internationaux visant à accroître l’aide humanitaire à Gaza et la coordination de l’après-conflit à Gaza ».
Si Antony Blinken se rend au Moyen-Orient, au retour d’une visite en Asie, une délégation militaire israélienne est, elle, attendue dans les prochains jours à Washington pour discuter « des façons de cibler le Hamas sans mener une vaste offensive terrestre à Rafah », a déclaré plus tôt cette semaine le président Joe Biden.
Outre les risques de famine, la communauté internationale s’inquiète des conséquences d’une opération israélienne à Rafah, dernier grand bastion du Hamas et ville à la pointe sud de Gaza où s’entassent environ 1,5 million de Palestiniens, en majorité déplacés par la guerre.
Les États-Unis pressent dans le même temps leur allié israélien d’éviter un assaut généralisé à Rafah qui risquerait selon la Maison Blanche de faire encore plus de victimes civiles, « aggraverait la situation humanitaire déjà grave, renforcerait l’anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël » sur la scène internationale.
Le Canada va cesser d’envoyer des armes vers Israël, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale canadienne. La cheffe de la diplomatie canadienne Mélanie Joly, qui s’est rendue au Moyen-Orient la semaine dernière, a souligné qu’Ottawa n’avait approuvé « aucun permis » d’exportation de matériel militaire pour Israël depuis le 8 janvier dernier. Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz a qualifié de « malheureuse » cette décision du Canada qui « sape le droit d’Israël de se défendre ». L’histoire jugera durement cette décision du gouvernement canadien », a-t-il asséné dans un bref communiqué.
« Absence de volonté politique »
Selon les agences de l’ONU, plus de 1,1 million de personnes à Gaza, soit environ la moitié de la population, vivent dans une situation alimentaire « catastrophique », proche de la famine.
« En fait, toute la population de Gaza dépend aujourd’hui de l’aide alimentaire, mais plus de la moitié de la population vit aujourd’hui dans ce que l’on appelle un +niveau de faim critique+ », a déclaré mardi Philippe Lazzarini, le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestinien (Unrwa) lors d’une conférence de presse à Jérusalem. Le « principal obstacle » à l’entrée de l’aide à Gaza « est l’absence de volonté politique », a-t-il ajouté, disant qu’avant la guerre entre « 500 à 700 camions par jour » entraient à Gaza, mais que « aujourd’hui, nous en sommes à 100 camions, ou 150, selon les jours ».
Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d’approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres. Un deuxième bateau chargé d’aide humanitaire doit quitter Chypre dans les prochains jours, après l’arrivée le 15 mars à Gaza d’un premier bateau de l’ONG espagnole Open Arms, chargé de 200 tonnes de vivres fournis par l’ONG américaine World Central Kitchen. Et ces vivres, parmi lesquels du riz et de la farine, ont commencé mardi à être distribués dans le nord de Gaza par le Programme alimentaire mondial de l’ONU.
(Avec AFP)
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