Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo s’expliquent

À l’occasion d’une rencontre avec le président bissau-guinéen, les deux finalistes au second tour de la présidentielle ont livré leur point de vue sur la suite des événements. S’ils reconnaissent tous les deux que la Ceni n’est pas prête, l’un est plaide pour une tenue du scrutin rapide, l’autre pas.

Le candidat Alpha Condé au siège de son parti à Conakry le 16 septembre 2010. © AFP

Le candidat Alpha Condé au siège de son parti à Conakry le 16 septembre 2010. © AFP

Publié le 19 septembre 2010 Lecture : 3 minutes.

Actualisé le 19 septembre à 21h10.

Cellou Dalein Diallo a insisté samedi à Conakry sur la nécessité d’« organiser le second tour dans les brefs délais ». De son côté, Alpha Condé a assuré qu’il fallait « laisser la Commission électorale travailler ». Les deux candidats ont fait ces déclarations au sortir d’une rencontre avec le président bissau-guinéen Malam Bacai Sanha, venu les rencontrer à Conakry.

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« Nous avons demandé à M. le président bissau-guinéen d’attirer l’attention des autorités guinéennes sur la nécessité d’organiser le second tour de la présidentielle dans les brefs délais (…). Il y a de cela trois mois qu’on attend, ce n’est pas bien pour notre pays », a dit M. Diallo, qui avait obtenu 43 % des voix au premier tour le 27 juin.

"Il faut laisser la Ceni travailler"

« C’est vrai qu’on a donné des raisons techniques (au report du second tour, à une date encore indéterminée, ndlr) parce que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’a pu réaliser tout ce qu’elle a entrepris et corriger les dysfonctionnements », a-t-il dit.

« Mais il faut dire aussi qu’on a trop demandé à la Ceni sur tout ce qui existait qu’on aurait pu dénoncer avant le premier tour (le 27 juin) et qui pouvait avoir des solutions », a-t-il plaidé.

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De son côté, Alpha Condé (18 % au premier tour) a déclaré à l’issue de la rencontre avec M. Sanha : « Je lui ai dit que je lui donne les assurances que les élections auront bel et bien lieu mais qu’il faut laisser la Ceni travailler. »

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Le candidat à la présidentielle Cellou Dalein Diallo à Conakry, le 16 septembre 2010.

© AFP

L’armée pourrait "reprendre le pouvoir"

« La Ceni a montré à la face du monde qu’elle n’est pas prête, nous lui donnons le temps, c’est à elle seule de nous dire quand elle sera prête et de nous proposer une date », a ajouté M. Condé.

« Si les élections ne sont pas transparentes, il y aura des troubles et c’est l’armée qui reprendra le pouvoir. Mais si la Ceni règle les dysfonctionnements, il n’y aura aucun trouble et la Guinée pourra se développer » après 25 ans de régimes militaires, a-t-il lancé.

Ibrahima Fall, représentant de l’Union africaine, s’est également entretenu avec les deux candidats et les représentants du Conseil national de la transition. Il devait poursuivre dimanche ces consultations avec la Ceni et les autorités gouvernementales.

Après leur rencontre avec Malam Bacai Sanha, les deux candidats et plusieurs membres du gouvernement de la transition ont assisté à Conakry aux obsèques du président de la Commission électorale, Ben Sékou Sylla, mort mardi de maladie.

"Les coups bas, on en a assez"

La cérémonie s’est déroulée dans la salle des congrès du Palais du peuple, en présence du Premier ministre Jean-Marie Doré, de représentants du Conseil de la transition (CNT), de diplomates et de responsables de la société civile. Dans un discours, le porte parole de la société civile Aziz Diop a dénoncé la condamnation le 9 septembre par un tribunal de la banlieue de Conakry de Ben Sékou Sylla à un an de prison ferme et à 2 millions de francs guinéens (275 euros) d’amende, pour « fraude électorale ».

« C’est une condamnation politique que nous dénonçons, qui survient dans un contexte politique que Ben Sékou Sylla voulait le plus sain », a affirmé M. Diop, ajoutant : « Les coups bas, on en a assez, il faut que chacun assume ce qu’il a fait. » Le président de la Ceni avait été condamné sur plainte du parti du candidat Alpha Condé qui accusait la Ceni d’avoir commis des fraudes en faveur de son rival, Cellou Dalein Diallo.

Agé de 57 ans, Ben Sékou Sylla était décédé dans un hôpital à Paris, où il était soigné depuis plusieurs mois. Son décès était intervenu cinq jours seulement après sa condamnation qui avait suscité la polémique dans le pays.

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