Meurtre d’Habyarimana : fin de mission à Kigali pour les juges français
Les juges français ont achevé vendredi à Kigali une semaine d’auditions de témoins et de déplacements sur le terrain. Objectif de leur mission : déterminer l’origine des tirs contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana en 1994.
![Marc Trévidic (4e à D) et Nathalie Poux, à Rutongo Hill au Rwanda le 15 septembre 2010. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2010/09/18/018092010124718000000trevidocepic.jpg)
Marc Trévidic (4e à D) et Nathalie Poux, à Rutongo Hill au Rwanda le 15 septembre 2010. © AFP
Les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux, accompagnés notamment d’experts géomètres, en balistique, explosifs et incendie, devaient regagner Paris samedi, a expliqué à l’AFP Me Léon-Lef Forster, avocat de la défense lui-même présent à Kigali.
Depuis dimanche dernier, le groupe de Français a multiplié les déplacements sur le terrain et les relevés scientifiques pour tenter de déterminer avec précision l’origine des tirs de missiles, cruciale dans l’enquête.
Vendredi matin, une cérémonie a été organisée au ministère de la Justice Rwandais avec la délégation française. Il s’agissait, selon Me Forster, de "remercier le Rwanda pour sa coopération (…) ainsi que les juges français qui ont eu la démarche objective après 16 ans de se déplacer et de faire faire cette expertise qui permet enfin d’avoir des données techniques plus précises que de simples supputations orientées".
Le juge français Marc Trévidic pendant son enquête, dans la banlieue de Kigali au Rwanda le 16 septembre 2010.
Crédit : AFP
Rapport remis avant mars 2011
Le soir du 6 avril 1994, l’avion transportant notamment le président Habyarimana, un Hutu, et son homologue burundais Cyprien Ntaryamir avait été abattu en phase d’atterrissage à Kigali par au moins un missile antiaérien. Cet attentat est considéré comme le signal déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi.
Deux thèses s’affrontent dans cette enquête: la première met en cause l’ex-rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, actuellement au pouvoir. La seconde impute l’attentat aux extrémistes "Hutu Power" des Forces armées rwandaises qui auraient voulu se débarrasser du président Habyarimana, jugé trop modéré.
La commission d’enquête rwandaise sur l’attentat a défendu cette thèse, s’appuyant notamment sur les conclusions d’une expertise balistique britannique. "Il y a eu une réunion entre les experts britanniques et les experts français pour un échange de points de vue, d’informations, de réflexions", a rapporté Me Forster.
Les experts français doivent à présent exploiter leurs données et sont censés rendre leur rapport aux deux juges avant mars 2011.
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